Véritable OFNI (Objet filmique non-identifié), le réalisateur du génial Whiplash livre un coup de force musical. Orchestrant un subtil mariage entre musique, rythme, humour et love story, Chazelle surprend en nous présentant une synergie totale entre tous les éléments qui peuvent faire d’un long-métrage une réussite totale.
LaLaLand était LE phénomène sur toutes les lèvres après sa victoire écrasante aux Golden Globes et ses nominations multiples aux Oscars. Force est de constater que c’est chose mérité tant le film de Damien Chazelle réussit à nous surprendre, revenant à l’embryon du cinéma et de la comédie musicale pour laisser éclater un rythme musical époustouflant de vivacité. Pourtant, le film dans ses vingt premières minutes paraît terriblement cliché tant il n’arrive pas à nous galvaniser dans notre fauteuil. Les premières chansons sont poussives et les bribes de la story-line pas encore assez claires pour nous proposer une immersion des plus totales.
C’est à partir du duo de claquettes entre Gosling et Stone que le film prend littéralement son envol vers les étoiles. La storyline éclaire enfin ses enjeux qui étaient souffreteux au commencement et nous propose une histoire d’amour assez conventionnelle mais avec son lot de concettos qui ne sont pas uniquement là pour l’empreinte classique mais bien pour distiller des émotions authentiques et louables. Le tout est parsemé de chorégraphies et musiques plutôt entraînantes qui permettent d’uniformiser ce véritable film « performance » en tant que feel-good movie ce qui est un plus. LaLaLand ne fait pas que faire danser, il se permet aussi de disséminer beaucoup de messages importants sur la manière de considérer ses rêves et son avenir.
On peut « éventuellement » reprocher au film ses tendances parfois à l’extra-sensoriel, où Chazelle n’hésite pas à faire partir ses personnages dans l’espace, à les expulser dans un autre décor etc… Cette tendance au métaphysique apporte une touche de cliché au long-métrage, qui n’en avait pas forcément besoin tant sa portée modeste et pudique fait mouche. Ryan Gosling et Emma Stone forment une alchimie explosive à l’écran comme on n’a pas vu pareille complicité depuis … Fletcher et Neiman (complicité vache) dans Whiplash de ce même Damien Chazelle.
Ainsi, LaLaLand est un coup de force, un théâtre rythmé et vivant qui pose ses claquettes sur le grand écran et qui, dans un tourbillon musical d’émotions, frappe un grand coup.