Basculant dans un mixage intéressant entre les arcanes du Disney musical traditionnel et le film d’aventure grand public, Vaiana explore des nouvelles méthodes de réalisation, essaie, expérimente et réussit à transformer l’essai. Grâce à une esthétique remarquable et un rythme de tout instant, Vaiana est un vent de fraîcheur maritime dans le bal des films de fin d’année, un petit bijou totalement indispensable.
Vaiana : La légende du bout du monde est le 56ème classique d’animation des studios Disney. Après les succès commerciaux et critiques de Big Hero 6, Vice-Versa, Le voyage d’Arlo et Zootopie, le studio quitte le classique d’Animation modelé en tant que film purement d’aventure afin de revenir à un de ses modèles plus traditionnel : Un conte poétique et initiatique avec la figure de la femme mise en exergue. Le tout est encadré par des véritables partitions musicales qui font partie intégrante du fil narratif. Visitant la mythologie Polynésienne, Vaiana explore ce carcan sans se casser la figure, développant avec finesse et intelligence cette culture pour la mettre au service de la poésie visuelle que l’on nous offre (Réincarnation, danses et dieux sont au programme, mais prennent intelligemment dans la narration).
Le film est visuellement fou. Les personnages sont bien travaillés et sont bien intégrés aux décors (tacle à Norm au passage). Dans la continuité des pépites visuelles des décors de Zootopie et du voyage d’Arlo, Vaiana inclut une pléiade de personnages remplissant une strate bien particulière, mais leur alchimie commune réussit à tisser un univers simple, sobre et cohérent qui suffit pour nous immerger complètement dans le long-métrage.
Jamais à court d’idées, le film enchaîne les gags et les séquences rythmées par des musiques subtilement placées et d’excellentes idées pour renforcer un dynamisme déjà fort. La scène des « Kakamoras » peut effectivement prêter à un scepticisme quant à son utilité narratif mais elle démontre bien, dans une scène de spectacle où le film se lâche visuellement et musicalement (notamment grâce au rythme endiablé du tambour des créatures, rappelant sans conteste les percussions des antagonistes du film Mad Max Fury Road version kids) et semble démontrer la nouvelle tendance du studio aux grandes oreilles, revenir à ses fondamentaux tout en y agrémentant quelques touches de grand spectacle. Allier poétique et spectacle, c’est peut-être le nouveau leitmotiv de Disney pour ses prochains classiques d’Animation.
Si Disney pouvait aussi légèrement caricaturer certaines de ses dernières héroïnes (Frozen et le personnage d’Anna par exemple), celui de Vaiana évite subtilement les clichés. Sa relation avec Maui permet de jouer sur ces clichés, les désagrégeant pour la plupart, afin de véritablement mettre sur un piédestal l’héroïne principale, et d’imposer Maui seulement comme une pierre angulaire du développement du personnage.
Niveau musiques, Vaiana possède de véritables chansons cohérentes avec l’univers et qui sont pour la plupart extrêmement percutantes. Evitant le côté excessif de La Reine des Neiges, on est pas assailli par de multiples chansons puisque le film sait parfaitement proposer une jonction parfaite entre humour, poésie, musique, action et aventure.
Vaiana : La Légende du bout du monde c’est donc cela. Un classique d’animation Disney qui veut redistribuer les cartes du film d’animation pour enfant et adultes (en proposant un savant dosage entre le côté plus aventure des derniers classiques et la poésie des anciens) là où un Dreamworks décide de dorénavant se complaire dans le public très jeune (Les Trolls). Avec Vaiana, Disney à clairement encore les ressources pour voir très loin devant lui.