Après un Civil War très pauvre, Marvel signe un retour en force en nous proposant pour la première fois dans le MCU depuis James Gunn et ses Gardiens de la Galaxie, une oeuvre à l’esthétique personnelle, riche et intéressante, avec d’excellentes idées de réalisation qui pallient le manque évident de prises de risques du scénario dans le traitement de l’origin story du personnage.
Depuis quelques films, il est évident de constater que Marvel lasse. Embourbé dans des derniers films plutôt moyens et sans grande inventivité depuis maintenant trois sorties (Avengers : l’ère d’Ultron, Ant-man, Civil War), la firme aux grandes oreilles commence à épuiser le filon des supers-héros, proposant sans cesse la même construction narrative pour chacun de ses films dans une logique commerciale quitte à évidemment lasser des fans. Mais force est de constater qu’avec Doctor Strange, on a l’impression que le studio passe à la vitesse supérieure en nous annonçant des origins story mieux traitées pour les nouveaux héros ainsi qu’un futur croisement des univers qui promet d’être extraordinaire.
Scott Derrickson, réalisateur de génie plutôt spécialisé dans l’horreur (Délivre nous du mal, Sinister, L’exorcisme d’Emily Rose) possède une véritable patte artistique que l’on ressent dans le film (et notamment dans l’ambiance). Très psychédélique, plutôt noire et sombre à certains moments, l’atmosphère se marie parfaitement avec le style de Derrickson pour proposer des séquences « métaphysiques » absolument divines dans leurs visuels. Le tout est rythmé par un enchaînement de la narration subtil et agréable. Le visuel très Inception marche aussi beaucoup. Si l’on peut avoir du mal devant certains effets spéciaux, certaines séquences comme le combat dans le palais et celle dans les rues de Londres sont absolument divines.
Mais là où Doctor Stange pêche, c’est au niveau de son contenu. Même si les thématiques du film (magie etc…) ne peuvent être associées à aucun autre Marvel, la construction narrative du long-métrage est trop classique. L’origin-story de Strange est esquissée bien trop rapidement et la passerelle entre le début de son apprentissage et ses premiers combats est oubliée. On nous ressert l’excuse du personnage « élu » mais c’est retomber dans des facilités scénaristiques. Toutefois le personnage est charismatique et bien mis en avant grâce à l’interprétation notable de Benedict Cumberbatch. De plus, le méchant n’a que des motivations trop primaires et est vraiment un antagoniste par défaut sans réelles motivations en lien avec Thanos, l’antagoniste majeur du MCU. Au niveau du spectacle, même si le film nous en offre suffisamment avec la séquence dans Londres notamment, il manque au film un véritable climax final qui nous est plus donné sur le ton de l’humour que celui de l’incroyable, au point qu’on en reste sur notre faim.
Mais ce qui est intéressant c’est que le film fait la passerelle avec l’univers du MCU ce qui sera intéressant à voir par la suite (restez bien jusqu’à la fin du générique pour le constater). Les plus attentifs remarqueront même la tour des Avengers qui apparaît en arrière-plan chez Strange et verront même une référence à War Machine !
Doctor Strange est en résumé un excellent Marvel. Possédant une esthétique propre et une patte de réalisation personnelle, Derrickson se démarque plus sur la forme que sur le fond grâce à cette nouvelle adaptation de comics. Film divertissant et efficace sans être transcendant, il reste un excellent film que nous vous recommandons vivement !
