S’éloignant des arcanes du Blockbuster comme il avait pu le faire avec le premier volet de la franchise Hunger Games, le réalisateur Américain Gary Ross revient des années après sur le devant de la scène avec « Free State of Jones », fable humaniste et puissante sur la dévotion d’un homme pour une cause qui l’obsède, quitte à se mettre ses anciens compatriotes sur le dos. Malgré la difficulté du sujet, Ross réussit à en saisir l’essence pour livrer une incroyable partition de cinéma.
A mi-chemin entre le film de guerre intense et le drame historique prenant, le film est un savant dosage entre plusieurs manières de représenter la violence de cette guerre de Sécession. Gary Ross élève déjà le rythme de son long-métrage d’entrée de jeu en nous proposant une séquence d’introduction brute et sanglante d’une bataille entre les armées du Nord et du Sud, profitant de cette occasion pour nous introduire le personnage de Newton Knight, campé par un magistral Matthew McConaughey.
Une scène d’ouverture qui fera probablement déjà date dans les esprits tant la maestria de la mise en scène parle pour elle. Ross multiplie les plans d’ensemble pour capter le gigantisme de cette bataille meurtrière, et introduit Knight de manière subtile. C’est néanmoins après que le film souffre de ses premières lacunes.
Le rythme retombe ensuite car le long-métrage est parsemé de (trop) longues séquences d’allongements narratifs qui alourdissent le film. On bute face à l’inutilité de certaines scènes, ce qui stoppe littéralement notre investissement dans le film aux côtés des protagonistes.
Toutefois, on peut déplorer le manque d’écriture du côté des personnages secondaires qui, justement, nous peine à nous attacher à ce groupe de rebelles puisque le scénario fait la place belle à Knight, beaucoup moins à d’autres (Moses Washington entre autre).
Niveau scénario on a donc quelque chose de sobre, plutôt efficace mais qui reste mitigé. On sent que Free State of Jones est un travail d’un extrême sérieux, mais qui souffre de longueurs, d’une absence de scènes iconiques en dehors de l’introduction, et d’un manque d’écriture des personnages gravitant autour de Knight.
Concernant la réalisation, Ross fait un boulot remarquable via une photographie assez grisâtre comme l’était par exemple The Witch de Robert Eggers, ce qui apporte une touche d’ancienneté au film. Les costumes et décors sont parfaitement représentatifs de l’époque, sans fausse note (Gentil tacle au passage à Ben-Hur et notre Judas national qui s’habille chez Celio).
Free State of Jones, au-delà de son classicisme visuel, reste un film poignant et très puissant narrativement parlant. C’est une implacable fable humaine qui retourne complètement son spectateur face à la cruauté de la société Américaine de l’époque. Travail historique monstrueux mais non pas moins doté de certains défauts mineurs, il reste avant tout une belle expérience de cinéma que nous vous conseillons vraiment.