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Megalopolis : Un délire mégalo qui restera dans les annales

Megalopolis © American Zoetrope
Megalopolis © American Zoetrope

Lorsque qu’un réalisateur estime nécessaire de tout expliciter et de surligner son propos, c’est comme s’il sous-estimait l’intelligence de son public. Une mise en abîme surchargée, trop ostentatoire, nuit autant à l’œuvre qu’au cinéma en général. Cela brise l’immersion narrative, privant le spectateur de son engagement émotionnel et intellectuel dans le récit. Le cinéma, en tant qu’art, repose sur la subtilité et l’implicite, non sur une démonstration ostentatoire de son propos.

Produire en marge des systèmes établis peut certes conduire à des œuvres visionnaires, comme ce fut espéré pour Megalopolis, un projet que Francis Ford Coppola a mûri pendant plus de dix ans. Le concept, en soi proche d’une idée brute et fascinante, celle de l’utopie et de la cité idéale, reste pourtant encore à la recherche de son chef-d’œuvre au cinéma. Alors que nous attendons une adaptation moderne de L’Utopie de Thomas More (1516) qui proposerait une réflexion aboutie sur la transformation de la civilisation, les tentatives passées, telles que Tomorrowland de Brad Bird, n’ont offert qu’un succès partiel, et les autres projets sont restés anecdotiques.

Dans ce contexte, le cinéma doit être capable de s’élever sans nécessairement infantiliser son public ni abuser de la mise en scène pour compenser un manque de substance… Et c’est tout le problème de ce Megalopolis.

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La représentation d’une civilisation en déclin à travers cette New Rome est rapidement compréhensible, mais l’allégorie du monde contemporain, partagé entre rêveurs (Catilina) aspirant au changement et conservateurs (Cicero) s’accrochant au statu quo, est trop simpliste. Une fois cette dichotomie posée, l’absence totale de subtilité mystique autour des personnages affaiblit la profondeur narrative. Il devient alors impératif de renforcer la crédibilité du récit ou de sublimer visuellement l’œuvre pour en extraire une réelle valeur ajoutée au cinéma.

Megalopolis © American Zoetrope

En substance, Megalopolis se transforme en un vaste capharnaüm de 2h15 (ressenti comme trois heures), un enchevêtrement de scènes délirantes sans réelle cohésion. Une scène interminable, calquée sur le Circus Maximus romain, laisse le personnage de César Catilina s’égarer dans un délire névrotique. Les références aux bacchanales et aux orgies romaines sont martelées de façon trop évidente, comme si le spectateur devait être pris par la main. En étant trop préoccupé par la mise en abîme de CatilinaCoppola se détourne de son sujet principal — l’utopie et la cité idéale —, et se perd dans un cinéma expérimental bancal, où le montage semble n’être qu’un collage de scènes sans lien véritable.

Coppola, dans sa quête d’expérimentation, semble sacrifier la cohérence narrative pour un effet de style qui, au final, ne fait que souligner la dispersion de son propos.

Quelques rares moments du long-métrage laissent entrevoir un potentiel regrettable, comme des fragments d’un film plus grand que ce qu’il est finalement devenu. Dans ces éclairs fugaces, Coppola parvient à s’extirper de sa propre mégalomanie visuelle pour offrir des instants qui, s’ils avaient été davantage développés, auraient pu marquer durablement. On pense ici au flash-forward introspectif de Catilina, en plein travail sur les croquis de Megalopolis, à cette scène de dialogue méta-diégétique qui brise habilement le quatrième mur, ou encore à la scène de poker où un personnage critique ouvertement la lourdeur des protagonistes, ajoutant une touche d’autodérision bienvenue. Une excellente première confrontation est également à souligner entre Cicero et Catilina, même si elle est à déconseiller aux épileptiques.

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Malheureusement, Megalopolis tourne en dérision ses propres personnages, tout en semblant mépriser son propre concept, que Coppola, à tort, pense réservée à une élite érudite. La laideur des effets visuels et l’imperfection de l’utopie de Catilina — une sorte de chimère hideuse et clinquante — témoignent d’une vision dévoyée. Au lieu de créer un univers séduisant et intellectuellement stimulant, Coppola nous livre une caricature brillante mais profondément rebutante, où l’esthétique outrancière étouffe toute réflexion philosophique. Et on finit comme le personnage de Shia Labeouf (pour conclure avec une allégorie) : Une flèche dans le derrière, qu’un vieux monsieur agonisant sur son lit (probablement Francis) nous a tiré avec amour, comme pour nous remercier de ces 2h15 de visionnage.

Une dinguerie qui fera certainement date, mais qui désarçonne. Il est impossible de se créer une attente quelconque avec Megalopolis, qui va tout faire valser vos idéaux avec du bon, du moins bon et de l’affreux.

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