On y est enfin, huit mois après le fiasco de The Marvels qui aura coûté près de trois cents millions de dollars à Disney, Deadpool vient sauver la firme de Kevin Feige. Tous les projets ont été mis en pause, à l’exception de la série Agatha All Along et du (déjà) malade blockbuster Captain America : Brave New World pour la simple raison que des gros sous avaient déjà été engagés sur ces films en même temps que Deadpool & Wolverine. Les fans de Marvel sont ainsi suspendus aux lèvres des décisionnaires du studio pour savoir quelle tournure prendra la suite d’un MCU, groggy et malade depuis Avengers : Endgame. Et, le moins que l’on puisse dire, c’est que Wade Wilson était le deus ex machina idéal pour créer une thérapie de choc. Notre avis se découpera en trois parties pour ceux qui souhaitent s’arrêter en cours de route. La première sera une critique sans spoilers, puis nous spoilerons (avec une vraie démarcation pour éviter tout accident, ce que ne savent plus vraiment faire les gens sur TikTok). Enfin, en troisième partie, on parlera de Geeks Lands, que vous avez remarqué en forte pause ces derniers temps – alors restez jusqu’au dénouement, on vous en conjure -.
CRITIQUE SANS SPOILERS
Marvel est malade, au lit avec quarante de fièvre. Le multivers aura fait tourner bien des têtes sans réussir à être transcendant narrativement parlant, l’après-Endgame est fade, beaucoup trop fade et son nouveau grand méchant, Kang (Jonathan Majors) est poussé vers la sortie. Avengers : The Kang Dynasty change de nom et Secret Wars est repoussé chaque année. En parallèle, le public se passionne trop peu pour les nouveaux personnages (Ms Marvel, Captain America d’Anthony Mackie…), et certains projets chaotiques et pachydermiques peinent à sortir de l’eau (Les presque 400 millions de dollars de budget pour Brave New World, on vous voit). De fait, l’irrévérence de Deadpool fait du bien. On se moque littéralement de Marvel Studios, de son échec avec le multivers et de son incapacité à retrouver de l’allant pour accrocher le public. La donne est affichée d’entrée de jeu : Deadpool & Wolverine, derrière son cadre de buddy-movie drôle et sans prise de tête, est un film “testament” de l’ancien temps des super-héros, avec une proposition de renouveau. Tout le monde en prend pour son grade et le festival de caméos (moins gargantuesque qu’annoncé par les différents insiders et médias – on en prend pour notre grade) arrive à ne pas trop éclabousser le véritable enjeu : tenter de crédibiliser le désormais saint TVA en justifiant de façon cohérente les parti-pris de Disney concernant les vestiges de l’univers FOX.
Mais le cœur même du film est clairement l’association Wolverine – Deadpool, particulièrement méta dans les échanges entre les deux protagonistes. Presque comme si c’étaient Hugh Jackman et Ryan Reynolds qui dialoguaient et non plus leurs avatars super-héroïques. On sent le cœur à l’ouvrage, l’esprit humoristique toujours présent et ça donne à ce long-métrage de Shawn Levy un goût de mission accomplie. Il faudra cependant ne pas être trop exigeant avec l’aspect technique, c’est fadasse, les décors sont peu emballants et extrêmement limités, la colorimétrie un peu loupée. Shawn Levy est plus là pour respecter un cahier des charges avec l’empreinte personnelle de Ryan Reynolds sur les dialogues plutôt que d’orchestrer un vrai film avec une vision personnelle.
Comme Les Gardiens de la Galaxie vol.3 avant lui, Deadpool & Wolverine se mue en parenthèse enchantée pour les fans du MCU, avec un arrière-goût de reboot. Les choses vont peut-être enfin changer, et la formule enfin se renouveler. Passons aux spoilers.
CRITIQUE AVEC SPOILERS
Deadpool & Wolverine est une énorme hotte de Noël pour les fans de Marvel. On casse tous les vestiges de la FOX, les ratés des phases 4 et 5 et on recommence. De l’intro outrancière mais qui ne dénature pas l’héritage du Logan de James Mangold aux trente premières minutes, on sent l’objectif : que ce film soit une production qui réconcilie les hautes sphères de Marvel avec le public. La maison des idées balance son va-tout : une orgie de variantes de Wolverine (dont Henry Cavill), un quatrième mur constamment brisé et une scène humoristique entre Wade et Happy Hogan (Jon Favreau) ainsi qu’un très court caméo de Hulk… C’est tout pour les Avengers qui restent ensuite cantonnés à des apparitions sur les télés de la TVA. Le plus gros segment du long-métrage est ensuite situé dans le vide-poubelle de la TVA, où se trouvent Cassandra Nova (Emma Corrin), les mutants déchus de l’univers X-Men (Fléau, Psylocke, Dents-de-Sabre, Pyro, Crapaud pour ne citer qu’eux) et quelques belles surprises au programme. En effet, à la moitié, on vient créer un semblant de climax en entourant Wolverine et Deadpool d’un quatuor de personnages que la campagne pub nous avait à moitié divulgué : X-23, Laura Kinney (Dafne Keen) que le dernier trailer aurait pu nous éviter de présenter, Elektra (Jennifer Garner), déjà annoncée au casting. Mais quelle belle surprise de revoir Blade (Wesley Snipes) et Gambit (Channing Tatum). Les apparitions sont bien senties avec des dialogues métas qui font mouche, si bien qu’on regrette de ne pas avoir vu ce fameux projet Gambit. Pendant deux heures, Shawn Levy joue avec ses personnages, les incarnations de chacun et triture ses êtres super-héroïques comme des vestiges anciens, des sortes d’autel du temps révolus à disparaître, et ça a un côté plutôt entraînant.
Le bémol subsiste au niveau du TVA. Matthew Macfayden cabotine avec joie mais l’autorité temporelle peine à prendre sa place, à moitié mangée par la volonté de ce Deadpool & Wolverine d’être, pour le moment, toujours indépendant des Avengers (mais pour une courte durée semble-t-il). Idem lors du climax rapidement cassé par nos deux protagonistes. Loki aurait pu trouver sa place pour intervenir, investissant le nouveau Dieu des histoires dans un pivot central pour les futurs événements du MCU. Si le tout marche, on ne pourra jamais remercier comme il se doit Marvel d’avoir sauvé Dafne Keen et son personnage de Laura d’une fin de parcours que personne ne souhaitait voir. En fin de compte, Marvel a fait un peu du Shawn Levy : laisser l’enfance au placard et tenter d’amener les spectateurs (qui ont bien grandi depuis 2012) vers une nouvelle version de son univers. On y croit désormais !
GEEKS LANDS : Testament et renouveau
Le sacro-saint redémarrage du MCU est salvateur pour nous. Depuis le firmament Endgame, les quelques sursauts d’intérêt que furent No Way Home et Multiverse of Madness, le désintérêt pour le MCU fut total. Il nous fallait passer par une lente léthargie pour retrouver notre souhait primaire, vous informer, sans spéculer. Comme Deadpool, nous avons quitté nos costumes une pièce de façon temporaire pour un retour à la vraie vie. Mais l’appel du TVA pour rempiler est beaucoup trop tentant pour nous. C’est en ce sens que Geeks Lands va prendre une petite pause pour revenir plus fort, avec une nouvelle formule, une nouvelle façon de communiquer et laisser ce qui ne fonctionne plus dans le VOID d’internet. Alors ne vous inquiétez pas le moindre du monde, nous allons prendre une pause bienvenue et revenir pour la rentrée !