Le premier film d’Artus sous sa casquette de réalisateur a été un succès – presque planétaire – dépassant de loin notre simple territoire français. Inspiré de son personnage Sylvain, qu’il joue dans son one-man show, l’humoriste a souhaité se désenclaver de la vision biaisée et passée que les gens ont des personnes handicapées. Avec un objectif : montrer qu’ils sont comme nous, mais avec un p’tit truc en plus. Vendre un film de cet acabit n’est pas une mince affaire. Dans le monde quasi fermé de l’industrie française du cinéma, assez conservatrice même si un peu évolutive depuis 2020, bouger les lignes et les consciences est un cap difficile. Intouchables du duo Toledano & Nakache s’y est essayé, Hors Normes aussi. Cédric Jimenez et Ladj Ly se sont eux essayé aux périlleux exercices de la vie dans les banlieues, avec le contrasté Bac Nord et le puissant Les Misérables.
Mais le terrain emprunté par l’équipe d’Un P’tit Truc en Plus, et c’est à cela que l’on pourrait résumer la quasi intégralité de l’intrigue, c’est qu’Artus n’a pas souhaité faire un film sur le handicap ou les personnes handicapées. C’est un film qui compose avec ses personnages, qui correspondent tous à ce qu’ils sont au quotidien. Pas d’artifices, pas de pathos, tout est réel. L’écriture maximise d’autant plus une volonté de jouer avec les différents points de vue. Il y a ceux qui sont dédaigneux avec ces personnes comme nous, celles qui changent leur point de vue, leur regard, et ceux qui font fi de cette différence en les considérant à égal.
Le film a réalisé le second meilleur démarrage de l’histoire pour un film français avec 500 000 entrées en seulement trois jours. Le 4 juillet, Le Figaro annonce que le cap des 8,5 millions d’entrées est franchi. Un record explosif. Ce qui a participé au succès mondial du film, c’est donc sa puissante sincérité, qui a prévalu sur une campagne marketing somme toute assez classique. Aujourd’hui, Un P’tit Truc en Plus s’approche des 9 millions d’entrées et pourrait même aisément passer la barre symbolique des 10 millions. Surtout, la comédie est de loin la plus fédératrice depuis la crise du Covid, depuis Astérix et Obélix et ses critiques exceptionnellement négatives.
Les estimations font état d’environ 70 000 000 de dollars de recettes actuelles pour le long-métrage, de quoi très largement rentabiliser le budget de production de 6,2 millions, financer des petites productions indépendantes pour continuer de voir un cinéma français dans sa pluralité. Mais surtout, la réussite du film fut en dehors des plateaux, Artus a voulu mobiliser clairement les consciences pour montrer que ces acteurs n’ont rien à prouver aux autres et qu’ils méritent également la reconnaissance à laquelle ils ont droit. En s’accommodant de petits pas, le cinéma français parvient à prouver qu’il peut avancer sur quelques questions. Mais c’est surtout l’énorme succès populaire du film sur les réseaux sociaux qui aura fait passer toute cette brochette d’acteurs avec une nouvelle notoriété hexagonale. Gageons dorénavant que cela puisse lancer de belles carrières !
