Le plus grand cinéaste d’animation de l’histoire vient probablement de nous livre son ultime baroud d’honneur. Il devait s’agir de l’émotionnelle puissant « Le Vent se Lève » mais non, le Garçon et le Héron nous offre une rallonge de deux heures où l’on assiste à un véritable melting-pot de ses succès. La route de Mahito, semée d’embûche, traverse diverses contrées extraordinaires, peuplées de personnages étranges et déjà vus dans les films de Miyazaki. Une grande plaine, « le vent se lève« , la grande tribu des grands-mères, le château géant, les perruches mangeuses d’homme, les mini-bibendums Michelin qui s’envolent… Tous les arcanes de réalisation du cinéaste Nippon reviennent dans ce long-métrage.
Inutile de dire par la même occasion que la poésie est toujours présente dans cet opus qui transpire l’émotion de tout instant même si Mahito apparaît comme étant trop « passif » dans ses aventures. Comme si l’on avait une mise en abîme d’un nouveau cinéaste, propulsé dans l’univers de Miyazaki. Celui-ci s’immerge totalement dans ce monde et finit par rencontrer le « grand-oncle« , sorte de figure paternelle ultime qui pourrait très bien être un Hayao Miyazaki en quête d’un successeur. Or, si l’happy ending arrive, il pourrait être bien moins cool dans la réalité si l’on analyse ce message de l’extérieur. En tenant en compte cette possibilité de mise en abîme, les multiples questionnements autour de la place de l’auteur – réalisateur et de son héritage nous suivront des semaines voire des mois après le visionnage.
La question du libre arbitre est aussi un point sensible du film. Se fier à son destin, tout écrit ou instinctif. Croire en la possibilité d’une vie meilleure… Toutes les thématiques chères à Miyazaki sont de retour en forme de feu d’artifices de couleurs, de subtilités et de détails drôles et loufoques. Une aventure colorée qui dénote avec le Vent se lève sur un point clef : le dynamisme de son récit qui alterne des moments d’humour et des moments d’une véritable aventure dramatique. Un must-see qui tire probablement un trait définitif sur la grande carrière de ce monstre sacré du cinéma.