Critiques

Acide : Critique d’un film Fantastique corrosif

Acide © Pathé

Retenez bien ce nom : Just Philippot. Trois ans après le film d’horreur organique La Nuée, qui a marqué le Festival du Film Fantastique de Gérardmer en 2021, ramenant au passage les prix de la critique et du public, le cinéaste revient en grande pompe avec Acide, long-métrage adapté du court-métrage du même nom signé de sa patte en 2018. Par ailleurs, La Nuée avait remporté le prix du meilleur premier film aux Césars de la même année. Acide est arrivé avec un budget bien gonflé de 11.7 millions d’euros et est porté par Guillaume Canet, qui revient quelques mois plus tard sur les écrans de cinéma après le fiasco Astérix et Obélix : L’empire du milieu.

L’histoire : Selma, 15 ans, grandit dans le Nord de la France, entre ses deux parents séparés, Michal et Élise. Alors que des nuages de pluies acides dévastatrices s’abattent sur leur région, cette famille fracturée va devoir s’unir pour tenter de survivre.

Un pitch que l’on a clairement pas l’habitude de voir dans le cinéma Français, mais Acide s’impose comme un vrai film de genre catastrophe qui saisit par son réalisme contemporain crépusculaire. Le background soigné rend crédible les événements. Mais le long-métrage marque par sa capacité à fournir des plans de haute volée, bien aidé par la photographie de Pierre Dejon. Exemple de plan magnifique avec la scène ci-dessous : 

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Acide © Pathé, Bonne Pioche Cinéma

Le budget limité d’Acide fait également sa force : on est dans la suggestion de la catastrophe plutôt que dans la grande démonstration excessive d’effets spéciaux. Le film est avant tout une histoire de famille sur fond de « fin du monde » plutôt qu’un produit catastrophe dans la lignée de ceux de Roland Emmerich. Si le réalisme des images nous scotche à notre siège, il demeure quelques micro-déceptions dans Acide. La première, l’histoire un peu abracadabrantesque où certains personnages prennent des décisions un peu incohérentes.

La seconde c’est que l’on manque cruellement d’images violentes et gores pour marquer le coup. Seul deux scènes d’envergure impressionnantes choquent et déstabilisent : La scène du pont et la première pluie d’acide dans les forêts. 

Le message écologique et tragique qu’insuffle Acide en fait un thriller annonciateur d’une « possible » réalité. La très grande force du film est d’avoir réussi à se détourner de l’extrême facilité d’user de tous les artifices politiques de son propos pour simplement s’enclaver dans le quotidien d’une famille lambda et fracturée. Très vilain et cruel, Acide nous fournit quelques visions d’horreurs dans la lignée de l’horreur viscérale de la Nuée et prend un malin plaisir à faire souffrir ses personnages.

Just Philippot en impose et s’adjuge, avec Julia Ducournau, Guillaume Nicloux et consorts, l’avenir du cinéma Fantastique Français.

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