Tom Cruise rempile en Ethan Hunt pour le très attendu Mission Impossible : Dead Reckoning par Christopher McQuarrie. Coupé en deux partie le temps de nous installer dans un vrai film à enjeux, le blockbuster est certainement l’un des plus attendu de cet été riche en grosses sorties. Que vaut cette nouvelle itération de la franchise en termes d’enjeux, d’impact, de personnages et de cascades ?
Mission Impossible fait probablement partie de ce qui se fait le mieux en termes d’action pure. Souvent considéré comme la saga la plus pérenne et la plus populaire du cinéma d’action, chaque nouvelle sortie est un gros succès financier et critique. Dead Reckoning profite de son découpage pour réussir une étape supplémentaire que n’ont pas eu les précédents : Prendre le temps d’installer son intrigue et la menace en place. On retrouve une histoire sans grande connexion avec les événements de Fallout mis à part un changement de taille : Exit la couverture du gouvernement, Hunt doit bosser seul face à une pléiade de pays et personnages aux intérêts personnels. L’accent est également mis sur le danger entourant les protagonistes que l’on suit depuis plusieurs films.
Plus mature que Protocole Fantôme, plus dense que Fallout et Rogue Nation, on sent que McQuarrie emprunte un virage à 180° en direction du thriller d’espionnage – voire politique -. Il reste néanmoins en dessous du très bon MI3 qui se démarquait pour une raison simple : son antagoniste.
Paradoxalement, le danger qui règne sur Hunt est plus costaud que les autres films et l’histoire se doit de nous clouer à notre siège. Le long-métrage y parvient que partiellement mais tend toujours à nous présenter le super espion de Tom Cruise comme un intouchable Deus Ex Machina. Du coup, les partitions d’émotions et de bravoure se tournent vers son entourage – sous-traité au demeurant. Le méchant est également un peu brinquebalant et caricatural là où un Philip Seymour Hoffman (MI3) crevait l’écran en mercenaire cruel et antipathique. La Française Pom Klementieff est par ailleurs également sous-traitée dans l’intrigue et ne demeure qu’un fusible humain servant de confrontation physique. Même si on apprécie beaucoup la voir au volant d’un blindé qui éclate tout sur son passage.
Pour autant, le choix d’emprunter les dangers de l’intelligence artificielle réussit à dynamiser le film et à l’emmener vers une nouvelle voie salutaire. Exit toutes les histoires de terrorisme hi-tech, on sent l’entité virtuelle être capable de se mouvoir en un vrai personnage à part entière, destiné à manipuler les gens et causer la perte de l’humanité par sa propre implosion. Mission Impossible : Dead Reckoning jette correctement les bases d’un titanesque récit, bien aidé par quelques ajouts de personnages prometteurs (Hayley Atwell qui crève l’écran).
Le mastodonte à 290 millions de dollars ne lésine pas non plus à nous crever la rétine de scènes d’actions explosives, faisant presque passer la grosse cascade de Tom Cruise en haut de la montagne pour une paillette dans un océan de couleurs. McQuarrie se paye même le luxe de semer des semences d’humour là où il ne devrait pas y en avoir – on retiendra notamment une étonnante scène de poursuite (mais efficace) à bord d’une petite voiture jaune.
Quel dommage en revanche de ne pas s’accorder plus sur les moments de tragédies. En milieu de film, un drame secoue l’équipe qui se recentre quasi essentiellement sur la mission. La réalisation aurait pris un autre angle inédit s’ils s’étaient attachés à créer un peu de failles et de tendresse chez ses personnages lobotomisés par leurs missions. Le film concède malgré tout cette absence en les rendant encore un peu plus attachants. Avec Dead Reckoning, les bases d’un final haletant sont maintenant posées avec un franc succès, inscrivant inéluctablement ce long-métrage comme l’un des incontournables de l’été.