Tout le monde pressentait un bon fiasco dans la lignée de Venom, Venom : Let There Be Carnage et Morbius mais les choses semblent (enfin) prendre une autre tournure du côté de chez le Sony Universe des personnages de Spider-Man. Alors que l’on donnait l’univers mort et enterré au bout de seulement trois films, le Kraven le Chasseur made in JC Chandor propose une relecture du personnage qui semble rester bien dans les clous des comics. Sergueï Kravinoff sera ici présenté comme un ex-chasseur porté par une bestialité et qui finira par aller s’attaquer à un commando de vilains qui appartient à son père. La première bande-annonce semble dévoiler un long-métrage bien dans la lignée de ce que nous fournit JC Chandor, un long-métrage dark, anxiogène avec un vrai récit sur l’humain et son évolution.
S’ils avaient promis sang et violence dans leur Sony Universe, le studio s’est ensuite ravisé en multipliant les projets PG-13. Ils semblent enfin avoir lâché les chevaux avec ce Kraven : Nez arraché, hémoglobine à foison, attaque de lion en mode The Revenant… Le film sera brutal et violent, dans la droite lignée de la noirceur des comics sources.
Mais Kraven peut surtout se démarquer sur une chose : c’est un véritable créateur qui porte le film à bout de bras. JC Chandor est un cinéaste avec une patte artistique qui lui est propre. Il n’y a qu’à regarder ce qu’il a su réaliser avec le puissant film catastrophe All is Lost.
All is Lost, presque entièrement non-verbal, était un film d’auteur hyper contemplatif. On ne connaissait rien du personnage incarné par Robert Redford, mis à part qu’il était en pleine galère au beau milieu de l’océan. Pourtant, par la maîtrise de ses prises de vues et le mixage son, Chandor a su magnifier la solitude de cet homme dans ce huis-clos à ciel ouvert. L’ambiance glauque et lyrique renforçait clairement l’humanité de ce personnage, sans que Robert Redford n’aie besoin de lâcher le moindre mot. All is Lost témoigne en tout cas d’une véritable capacité pour le cinéaste Américain de proposer un personnage central construit et profond, ce qui sera inéluctablement nécessaire pour un film Kraven qui reposera intégralement sur Aaron Taylor-Johnson.
Ensuite, avec Triple Frontière, Chandor a su montrer qu’il pouvait largement avoir les épaules de réaliser des scènes d’actions brutales et impressionnantes, ce qui peut avoir lieu dans Kraven. En revanche, à voir si certaines scènes en intérieur ne pâtissent pas de ces choix artistiques. On est donc bel et bien dans un film crade, poussiéreux et violent qui devrait dénoter sans difficulté avec les trois étrons cités précédemment.
Les plus tâtillons diront probablement que quelques libertés sont prises avec l’histoire de Kraven dans les comics, mais les adaptations MCU – Sony ne sont composées QUE de relectures. Jamais un personnage n’a été adapté avec une fidélité infaillible. Et ce que pourrait proposer Kraven semble intéressant. Aux antipodes d’un méchant ou d’un gentil, Sony propose enfin un anti-héros loin d’être un blaireau (coucou Eddie Brock) et qui semble enfin tuer ses ennemis avec violence et animalité (ce que Morbius n’a pas réussi à faire). Conscient aussi que les fans ont envie de voir autre chose que des personnages sans intérêt – puisque peu d’aficionados de Marvel semblent intéressés par Madame Webb et El Muerto – Alessandro Nivola fera ses grands débuts dans un Rhino que l’on a bien envie de voir à l’écran.
Reste maintenant à attendre le mois d’octobre 2023 pour voir si nous nous sommes encore enflammés concernant ce produit Sony !