Critiques

L’amour et les forêts : Critique dangereusement vraie

© Rectangle Productions

Adaptation du roman d’Eric Reinhardt par Valérie Donzelli, L’amour et les forêts met en scène Virginie Efira et Melvil Poupaud dans une histoire d’amour (très) compliquée où Blanche tombe sous le charme de Grégoire Lamoureux, un homme en apparence bon mais qui se révèlera être possessif, jaloux et violent. La description atypique d’un pervers narcissique en somme. Le long-métrage a été présenté à Cannes Première lors du festival de cet année.

Chaque nouveau film de Virginie Efira est un petit événement tant la comédienne est l’une des plus talentueuse du paysage cinématographique Français. Benedetta de Paul Verhoeven reposait entièrement sur ses épaules et Revoir Paris de Winocour lui a valu le tant mérité César de la meilleure actrice. Elle continue d’affirmer sa présence scénique dans ce glaçant « L’amour et les Forêts« , qui sait laisser pantois par sa capacité inébranlable et trop réelle de nous présenter à l’écran une vérité cruelle et absolue que bon nombre de femmes (et d’hommes) doivent subir dans leur vie de tous les jours.

Tout semble minutieusement calculé dans le film de Valérie Donzelli jusqu’au choix du cadre. On ressent bien la pastiche « docu-fiction » comme si nous étions projetés en immersion dans le quotidien de l’une de ces femmes victime de son conjoint. Autre côté bien réussi : la gradation de la violence. Son traitement évite tous les écueils et les clichés et se fait de façon intelligente, sans artifices, sans gestes « d’éclat » cinématographique. La relation semble toute belle en apparence, quelques reproches maladroits fusent, les excuses pleuvent de suite après, l’homme ne se rend pas compte de ce qu’il dit, de la façon dont il peut être cruel, violent, visqueux.

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Et pourtant, Donzelli porte toute la force de la suggestion de son récit en reléguant le protagoniste homme au second plan. Ce qui nous captive, c’est la perception de ce désordre naissant par Blanche (Virginie Efira) et la façon rugueuse qu’elle s’impose à elle-même pour éviter le sujet de conversation de son mari. Une façon limpide de présenter sa volonté de mettre des œillères face à la réalité pour n’en conserver que le positif. Virginie Efira, une fois de plus, crève littéralement l’écran en Blanche, surtout que cette fois-ci elle n’interprète pas un mais deux personnage à la fois, renforçant encore plus sa capacité à occuper tout le devant de la scène. Melvil Poupaud lui, est glaçant, tyrannique, pervers et tire son épingle du jeu dans un rôle (très) difficile.

Jamais fortuit, l’Amour et les Forêts demeure une vraie partition de cinéma théâtre – dramatique – qui frappe par son intense capacité à retranscrire des émotions justes et un problème majeur de notre société. Une œuvre importante et troublante qui nous rappelle aussi à quel point tout ce que touche Virginie Efira se transforme en or.

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