Neuf années après leur premier film et six ans au-delà des événements du deuxième opus, James Gunn est revenu piloter sa toute dernière aventure des Gardiens de la Galaxie. Le cinéaste, limogé puis réintégré par Marvel pour clôturer sa saga, partira ensuite définitivement pour DC Comics chapeauter l’univers de Batman, Superman et consorts au cinéma. Le devoir était donc double pour Gunn, faire oublier le fiasco interstellaire d’Ant-Man et la Guêpe : Quantumania et de refermer la page de cette équipe des Gardiens de la Galaxie telle que nous la connaissons. Aussi, peu avare en teasings, James Gunn a distillé une pléiade d’informations quant à ce nouveau volet. La campagne marketing allant même jusqu’à suggérer que Rocket allait périr.
Au final, ce troisième film montre qu’il est le meilleur film du MCU depuis bien longtemps. Le long-métrage est d’une imprévisibilité et d’une intensité bien folle, qui vint le placer presque au même rang que le titanesque Avengers : Infinity War.
Les personnages iconiques des Gardiens sont maltraités, aussi bien physiquement qu’émotionnellement. Dans une ouverture brutale qui dénote avec le côté drôle et léger de la franchise (et où Adam Warlock est impliqué), James Gunn montre qu’il peut ne pas hésiter à tuer l’entièreté de ses personnages principaux. Le cinéaste sait mettre le cœur de son spectateur à rude épreuve. Passé le premier acte, les Gardiens se mettent ensuite à l’œuvre pour aller sauver l’un des leurs plutôt que des peuples de la Galaxie.
Ce changement d’optique permet au film de recentrer son intrigue dans une dimension plus intimiste. Les relations entre les personnages demeurent un point faible du film tant les connexions sont nombreuses et auraient mérité d’être exploitées en profondeur. Si le long-métrage propose une nouvelle dynamique des relations entre Star-Lord, Nebula et Gamora, les autres sont un peu laissés de côté. Enfin, le volume 3 fait la part belle à Rocket. Dans plusieurs flash-backs, c’est lui qui est le point névralgique du film dans une origin-story marquante, touchante mais aussi cruelle avec des connotations profondément réalistes.
Les deux antagonistes : Adam Warlock (Will Poulter) et le Maître de l’évolution (Chukwudi Iwuji), ont une réussite contraire. Le premier, en dépit d’une première scène d’introduction explosive, n’est réduit qu’à un ressort comique malvenu et poussif si l’on tient compte de la puissance du personnage dans les comics. Le Maître de l’évolution, lui, est un excellent méchant. Bien sadique et excessif, il est un personnage que les spectateurs aimeront détester.
James Gunn propose donc dans ses Gardiens de la Galaxie vol.3 des partitions techniques et émotionnelles de haute volée, avec une réalisation qui nous fait oublier la bouse que fut le dernier Ant-Man. Les scènes d’actions sont impressionnantes et terriblement brutales. Or, il y a un autre bémol. Les personnages tutoient la mort à de trop grandes reprises en parvenant à s’en sortir au final, ce qui réussit à nous convaincre que le film se clôturera sur un Happy Ending. Mais ne vous y trompez pas : Il y aura bien du sang et des larmes dans ce Gardiens de la Galaxie.
Mais on peut se poser des questions légitimes quant à l’héritage des personnages de James Gunn : Quels objectifs pour eux dans la suite du MCU ? Le scénario tire un trait sur certains personnages, sous-entend le retour pour d’autres. Par contre, il faudra trouver une personne idoine pour un quatrième opus, qui présentera une toute nouvelle équipe. Et vu la qualité du volume 3, la trouver sera une sacrée paire de manche.