Shazam : La Rage des Dieux fait partie des dommages collatéraux depuis la réorganisation de l’univers DC Comics où James Gunn et Peter Safran ont remplacé Walter Hamada au pied levé. Tandis que le dernier cité tentait de réhabiliter à moitié le Snyderverse en lançant une nouvelle trame narrative autour de Black Adam et Shazam sur fond de Justice Society et du retour de Henry Cavill en Superman, James Gunn est venu y mettre un terme. Les fans auront le temps de quatre films (Shazam 2, The Flash, Bluebeetle, Aquaman 2) pour faire leurs adieux au vieil univers DC avant de nouvelles propositions.
En ce sens, le long-métrage de David F. Sandberg a été presque « sacrifié » par l’état-major de la Warner et de DC Films. Outre son box-office désastreux (128 millions de dollars de recettes mondiales pour un budget sensiblement similaire de 125 millions) et ses critiques mitigées, Warner aura sorti dès à présent son film en VOD afin de limiter la casse. Le gros problème de ce Shazam 2 n’est pas forcément sa qualité – il reste un honnête divertissement familial – mais c’est son parti-pris narratif. Le film ne raconte rien et tout ce qu’il souhaite mettre en place est déjà annulé. Ainsi, la production n’a strictement aucun impact dramaturgique sur l’univers en place.
C’est en ce sens que les deux scènes post-génériques sonnent comme de vrais pétards mouillés. Dans la première, des émissaires d’Amanda Waller (Viola Davis) arrivent pour convaincre Shazam de rejoindre la Justice Society. Celui-ci confond le célèbre groupe avec la Justice League et finit par refuser la proposition. Une scène qui montre bien que l’initiatrice de la Suicide Squad aurait été la pierre angulaire de l’univers étendu et il aurait été intéressant de voir la main mise qu’elle aurait eu sur un Superman qui, on le rappelle, a été envoyé pour calmer Black Adam à la fin du film du même nom.
Cet abandon créé un immense sentiment de gâchis chez DC et un flou gaussien autour de leur capacité à gérer leurs personnages et leurs licences. Quid de la Suicide Squad ? De Bloodsport (Idris Elba) qui aurait dû avoir son projet personnel ? De Peacemaker ? Toute cette galerie de héros pourraient rejoindre la poubelle générale de DC où dorment les projets Man of Steel 2, Black Adam 2 ou encore le troisième Wonder Woman de Patty Jenkins. Cela nous montre que l’ex-univers DC pourrait bel et bien ce limiter aux quatre derniers films cités plus haut… et c’est tout.
Oui, Sivana est bien dans le film. En prison dans la scène post-générique, il discute avec Mister Mind, une grosse chenille qui parle de conquérir les Sept Royaumes. Après une brève discussion avec Sivana, son interlocuteur lui dit d’être patient parce que ce temps là arrivera bien vite. Mais cette scène fait surtout écho à une promesse que Sandberg n’a pas tenue : Avant de proposer l’arrivée des trois déesses Grecques, c’était bien ce scénario de conquête des Royaumes qui fut privilégié :
« Il y a eu une longue période de développement pendant laquelle nous avons suivi plusieurs directions, pour savoir qui étaient Sivana, Mister Mind… a raconté Henry Gayden, le scénariste, à CinemaBlend. Mais la seule chose que nous avions depuis le premier film était de nous pencher sur la façon dont Billy se comporte maintenant qu’il a une famille. Et le fait qu’il est désormais terrifié de la perdre. Nous en avons conclu que ce serait finalement redondant avec le premier film. Même si Mister Mind était un nouveau venu fascinant, cela tournait beaucoup autour de Sivana et Billy, et nous n’avions pas l’impression que cela rendrait la suite émouvante. »
Ce scénario est probablement conservé pour un hypothétique Shazam 3 mais vu les résultats désastreux du second, il n’y a que peu de chances que cela arrive.