Jim Desforges (Nicolas Giraud) est ingénieur en aéronautique. Il se penche sur un projet secret, son rêve depuis longtemps : il tient à construire sa propre fusée et en faire « le premier vol spatial habité amateur de l’histoire ». Jim est arrivé troisième à la sélection du Français choisi par la NASA pour s’envoler dans l’ISS, décrochée par Thomas Pesquet et n’a jamais digéré cette cuisante défaite. Associé avec sa famille et un ancien astronaute appelé Alexandre Ribbot (Mathieu Kassovitz), Jim va devoir apprendre à partager son rêve s’il veut parvenir à ses fins et s’envoler pour l’espace.
Telle est l’histoire de base de cette petite production Nord-Ouest Films de 3,95 millions d’euros où Nicolas Giraud détient le rôle principal et la réalisation. Un long-métrage qui repose sur un rêve un peu dingue, qui mathématiquement réveille nos rêves enfouis depuis un moment. Nicolas Giraud signe un film d’une poésie singulière, extrêmement réussi visuellement et bien joué.
L’Astronaute offre un autre regard sur le monde de l’espace. Loin de la technicité fracassante de Gravity, Interstellar ou Seul sur Mars, le long-métrage est une aventure humaine touchante. Les relations entre la poignée de protagonistes sont écrites à la perfection, si bien que l’on ne sent presque jamais le côté fiction du film. Ce bijou de Nicolas Giraud vous ouvre le champ des possibles. Qu’importe les regards extérieurs il faut poursuivre son rêve, cesser de les refouler et ceux qui croiront en vous sauront vous porter afin de les accomplir.
Entre le feel-good, le drame et l’héritage familial omniprésent, Jim Desforges est porté par une mission personnelle mais aussi une promesse qui transcende tous ses choix. Si l’on est émerveillés, émus, captivés et passionnés par ce qui arrive à l’écran pendant toute la durée du film, le final en apothéose offre une poésie spatiale incroyable qui saura vous ébranler. Le cinéaste magnifie les ruptures de tonalités, les silences contemplatifs et les plans qui en disent plus que ce qu’ils ne filment. On obtient un savant mélange entre plusieurs genres qui se marient parfaitement à l’écran.
On sent l’étroite liaison qu’entretient le film avec le tout aussi réussi Proxima d’Alice Winocour (2019) qui propose la même vision sur les aventures “pré-spatiales” d’une Astronaute, sauf que le film de Winocour décevait très légèrement dans son omission de l’espace en se concentrant vers d’autres sous-thématiques tout aussi intéressantes.
L’Astronaute prend tout le monde à contre-pied en poursuivant son histoire au-delà du décollage, pour notre plus grand plaisir. La force du long-métrage réside aussi dans sa capacité à ne pas rendre abusives les différentes données techniques. On sent la force des conseils de l’astronaute Jean-François Clervoy pour rendre des éléments possibles et crédibles.
En résumé, l’Astronaute est un chef d’œuvre tant Nicolas Giraud réussit tout ce qu’il entreprend. On vit, on pleure et on est émus de cette épopée spatiale humaine et authentique qui nous transporte loin de notre quotidien pendant deux heures. Un film Français qui mérite le succès et de percer en salles.