Il date de Juin 2022. The Black Phone, réalisé par Scott Derrickson, est arrivé dans nos salles de cinéma mondiales avec l’étiquette « Blumhouse Productions« . La firme de cinéma produit depuis maintenant plus de dix ans des films d’horreur à très petit budget, souvent portés par des concepts forts. Ici, The Black Phone est une adaptation libre de la nouvelle de Joe Hill parue en 2004. L’histoire tourne autour du jeune Finney qui, en 1978, est kidnappé par le serial killer « The Grabber » (incarné par Ethan Hawke). Avec l’aide d’un téléphone débranché qui va lui permettre de communiquer avec les précédentes victimes du meurtrier, Finney va tenter de s’évader.
Comme souvent, Blumhouse alterne le bon et le moins bon dans la plupart de ses productions. Obliger de vendre des films d’horreurs softs pour appâter le jeune public (comme peut en témoigner les Action ou Vérité, Nightmare Island ou Freaky), la firme chère à Jason Blum est aussi capable de nous sortir des vraies pépites horrifiques qui vont plus loin dans la violence, le trash ou la peur visuelle. Ici, toute la force de The Black Phone réside en la puissante création de son antagoniste, meurtrier tellement imprévisible qu’il en revêtirait presque l’apparat d’une vilaine entité. Ethan Hawke insuffle une force de jeu exponentielle à son déroutant Grabber et les réutilisations différentes du désormais célèbre masque nous confèrent une appréciation différente du personnage.
Le style propre de Scott Derrickson se ressent dans chacune des scènes : Une photographie poisseuse, une retranscription fonctionnelle des années 70, une imagerie très souvent lente et des ruptures de son renforçant drastiquement notre immersion dans l’histoire. La force de The Black Phone réside constamment dans son ambiguïté, dans la violence de ses enjeux et n’hésite pas à mettre au tapis la bienséance au cinéma en affichant plusieurs enfants morts à l’écran.
The Black Phone a coûté près de 18 millions de dollars, restant dans la politique micro-budget de Blumhouse en centralisant ses décors dans un même endroit et en réduisant drastiquement le nombre de personnages. Malgré ces restrictions, Derrickson dynamise tellement bien son long-métrage que l’on ne voit pas le temps passer. Le public a lui été conquis puisque le film a rapporté la bagatelle de 161 millions de dollars de recettes mondiales, invoquant de facto un deuxième opus.
En d’autres termes, fort de sa capacité à insuffler du surnaturel non-fortuit dans une histoire très terre-à-terre, Derrickson réussit à retranscrire un univers terrifiant qui fonctionne sans interruption, faisant de The Black Phone, un très grand film d’horreur à découvrir (ou redécouvrir !).