Deux ans après le sympathique Old, qui avait ramené Shyamalan sur ses adaptations de récits horrifiques et fictionnels, le cinéaste Indien vient nous livrer Knock At The Cabin. Le long-métrage raconte l’histoire de quatre individus qui déboule chez une famille pour leur signaler qu’ils sont ici pour prévenir l’apocalypse. Aussi, la famille doit sacrifier l’un d’entre eux sinon : Des catastrophes naturelles viendront anéantir l’humanité.
Force est de constater que la continuité du cinéma de Shyamalan continue de dresser sa toile dans Knock At The Cabin. L’enjeu principal du long-métrage est de mettre en avant sa dualité entre « croire ou ne pas croire » ce qui se passe à l’écran. Dans toutes ses aventures, il y a presque constamment un schisme entre deux individus et une « opposition » décidée par de multiples facteurs. Ici, le couple de la maison, Eric et Andrew, sont en désaccord sur le fait de croire ou non les quatre squatteurs de l’apocalypse qui se présentent à eux. Et c’est dans cette surprenante dynamique que Knock At The Cabin va réussir à être captivant sur la durée. En plus de correctement travailler son atmosphère, Shyamalan va parvenir, grâce à un scénario bétonné, de donner de la substance à ses différents personnages (des protagonistes jusqu’aux faux antagonistes).
Ce travail millimétré s’orchestre aussi par un jeu de champ contre-champ en gros plan qui vient accentuer les émotions des personnages : Le visage de chaque personnage remplit le cadre et vient densifier quelques bribes d’émotions. On peut ainsi sentir la douleur réelle de Léonard (Dave Bautista) à l’idée d’accomplir sa mission sacrificielle, la peur de la jeune Wen (Kristen Cui) ou encore l’hypothèse que Eric (Jonathan Groff) aie pu comprendre dès le début ce qui allait se passer (le reveal assume par ailleurs cette idée).
Le film est un petit peu un concentré de la filmographie de Shyamalan dans ses thèmes : L’apparente folie des uns (Split, The Visit), la famille et le monde de l’enfance (Old), le caractère superflu et faux du surnaturel (The Village), Croire ou ne pas croire (Signes, Phénomènes), la dualité bien/mal (Glass)… Knock At The Cabin joue sans cesse avec ces différents thèmes pour tenter de nous aiguiller vers différents formats de conclusion, assujettis à la formule Shyamalan qui consiste à nous servir un énorme twist… qui est ici absent.
En effet, la force du cinéaste à nous faire ressentir la connotation christique de son film par différents plans rend le final à deviner bien moins difficile que le Mother ! de Darren Aronofsky. En enclavant son récit dans des souches réelles et en multipliant les clins d’oeils à la religion, le twist s’offre à nous d’une façon convenue et peu surprenante. Aussi, le problème du film est bien ici : Si l’atmosphère, le scénario et les différents thèmes participent magnifiquement à notre immersion, le dénouement est trop commun. La tuile pour un cinéaste habitué aux grosses surprises faites maison.
Mais la force du film réside avant tout dans son panel de comédiens, que l’on pourrait représenter par une seule personne tant elle crève ici l’écran : Dave Bautista. Loin des paillettes de l’univers Marvel, l’ancien catcheur délivre une performance toute droite dans la lignée de Glass Onion. Après son extravagance dans l’enquête de Benoît Blanc, son Léonard est ici profondément humain et touchant. Quelques bribes narratives permettent aussi de densifier son personnage, sans trop en dire. Les performances des acteurs permettent à ce que Knock At The Cabin tienne sur la durée, sans que la durée paraisse abusif. Un in medias res quasiment confirmé dans le rythme du film puisque l’histoire démarre dès les premières secondes.
Ainsi, Knock At The Cabin est un film plutôt bien mené du début à la fin mais qui perd de son intérêt par un reveal trop prévisible, qui plombe le caractère inédit de ce nouveau Shyamalan. Il n’en demeure pas moins un chouette moment à passer en salles de cinéma.