Dernière production en date, Blumhous prod. nous a lâché la semaine dernière le film M3GAN, sorte de projet hybride SF et horreur sur un thème déjà bien récurrent dans le cinéma d’épouvante : la poupée sadique. Au placard Annabelle et Chucky, la production de James Wan réactualise les codes de l’horreur dans un schème SF bien particulier pour nous présenter les dérives latentes d’une technologie qui peut partir en cacahuètes dans le futur. M3GAN est une poupée inventée par Gemma (Alison Williams) pour venir en aide à sa nièce Cady (Violet McGraw) en deuil après la mort subite de ses parents dans un accident de voiture. Mais la prouesse technologique qu’incarne M3GAN cache les desseins meurtriers de son IA.
On prend tout et on recommence. Qu’importe la thématique en place, le long-métrage de Gerard Johnstone reprend les bons vieux canevas inhérents du studio. Une limitation drastique des décors (Il y a en a 3 à tout casser), une distribution bien recentrée sur un petit panel de personnages, des effets spéciaux quasi absents (Tout semble concentré sur le design de la poupée) et une histoire à la trajectoire rectiligne, sans soubresauts scénaristiques. Derrière son histoire un peu inédite, M3GAN sombre dans des clichés que l’on sent venir à dix kilomètres. En effet, chaque élément nouvellement introduit dans la narration n’a que pour but et pour principe d’être réutilisé un peu plus tard. Le scénario est donc une base d’items considérés comme des fusibles afin d’avancer un peu plus loin dans l’histoire.
Trop de facilités qui désamorcent certains moments plutôt tendres du film et quelques rares moments de sincérité. Ce qui aurait pu être une œuvre d’anticipation glauque et malsaine doit obligatoirement remplir un cahier des charges prédéfini en rameutant les ados avides de jumpscares en salles. D’ailleurs, le procédé le plus utilisé dans le cinéma d’horreur nous est bel et bien servi à outrance, non pas sur son nombre (quatre ou cinq jumpscares parsèment M3GAN) mais plutôt sur le principe que l’on aurait très largement pu s’en passer.
On sent, de plus, que le film a été bridé dans sa réalisation, empêchant Johnston de rendre sa poupée méchamment cruelle. Les exécutions semblent bien sommaires et assez lights, montrant que le classement PG-13 y est pour quelque chose. Enfin, la psychologie de la poupée demeure bien trop fade. Encore une fois, Johnston effleure le sarcasme de son personnage robotique du bout du doigt mais ne parvient pas à faire d’elle une vraie menace antipathique et un objet horrifique d’envergure. Trop polissé, le message social de fond passe à la trappe, la faute à sa banalité des plus flagrante. N’en reste pas moins un film plutôt sympathique, assez divertissant… mais c’est tout.