S’il n’était pas forcément espéré, le retour des soeurs Sanderson était attendu. 29 ans après le premier opus, l’annonce d’une suite avait éveillé une certaine curiosité pleine de nostalgie. Mais c’était sans compter sur la fâcheuse tendance des studios Disney de ressortir un succès, même tardif dans le cas présent, et d’en retirer toute son authenticité.
Certes on ne boude pas le plaisir de revoir cabotiner les 3 actrices en pleines forme pour ce retour, avec Bette Midler dans le rôle de la meneuse Winifred, Kathy Najimi interprète la passive-agressive Mary, et Sarah Jessica Parker reprend le rôle de la jolie godiche Sarah, même Doug Jones est de retour sous les traits de Billy Butcherson, mais cette suite réalisée par Anne Fletcher joue la carte de la paresse et opte pour le fan service faiblard et les petits clins d’oeils nostalgique sansrien de vraiment fou à se mettre sous la dent.
Le ton volontairement kid’s friendly est poussé au maximum et l’ensemble, des dialogues au jeu des acteurs secondaires est d’une platitude exaspérante. Les effets visuels sont de qualité, mais au service d’un récit calqué sur le premier film qui prend vaguement la peine de modifier quelques détails pour ne pas passer pour un remake mal fagoté.
Niveau traitement des personnages c’est le même constat, tout est centré sur les 3 sorcières, le reste du cast hérite d’un traitement sommaire qui ballote entre personnage masculin standard, primaire, totalement stupide et prompt à la traitrise, et des personnages féminins stéréotypés et oubliables au possible. On pourrait remplacer les 2 faire valoirs du personnage de Becca, par n’importe qui d’autres qu’on ne verrait pas la différence. Encore un exemple de médiocrité conventionnée et paresseuse, tout juste bon à remplir le cahier des charges.
Le ton léger et l’humour sent également le réchauffé à l’exception des quelques scènes sympathiques des Sanderson face au monde actuel, rien de bien neuf. Les échanges sont plats, convenus et sans portée dramatique d’aucune sortes. Encore une fois, il n’y que sur les 3 personnages centraux que des efforts semblent avoir été fournis. De plus, il faudra expliquer la raison de la gêne/dégout provoquée par le fait que Gilbert, un adulte, ne soit pas vierge. Si encore cela avait été tourné de manière amusante, d’accord, mais là, le personnage se retrouve gêné d’affirmer qu’il n’est pas vierge. La réaction d’Izzy est exagérée, pour ne pas dire stupide. Mais ce n’est qu’un détail, car le film est truffé de dialogue plombé et d’humour sans rythme.
Les passages musicaux sont eux aussi tronqués et semblent expéditifs. Là ou le titre « Hocus Pocus » avait marqué les esprits dans le premier opus, la reprise de « One way or another « de Blondie ne vaut en rien l’original. La comptine pour attirer à elles les enfants est également utilisée furtivement et fait encore une fois office d’easter egg maladroit.
Sans être une catastrophe, le retour des sorcières Sanderson ne vaut pas le premier épisode. La narration flemmarde d’un récit famélique est sauvée du naufrage par la présence et le charisme des trois actrices principales. Mention spéciale aux trois jeunes actrices qui interprètent les soeurs Sanderson enfants, elles ont saisies l’essence de leurs personnages sans tomber dans la caricature. Un film sympathique mais bancal qui, une fois terminé, donne juste envie de revoir le premier pour se faire oublier. Après 29 ans d’attente on était en droit d’attendre mieux de cette suite sans grande envergure.