Les fans de Neil Gaiman le savent bien, son univers si particulier est délicat à transposer à l’écran. Au même titre qu’un Alan Moore (Watchmen) et Franck Miller (Sin City), il y a un style Gaiman qu’il ne faut en aucun cas manquer. Pari réussi haut la main pour la série Netflix qui malgré de nombreux changement inévitables par rapport au format papier, parvient à donner vie au comics culte d’environ 2000 pages étalées sur 11 volumes de 1989 à 1996.
Dream, le Sandman, entité cosmique à la tête du royaume des rêves et cauchemars est capturé et détenu pendant plus d’un siècle par un mage cherchant à capturer la Mort. Dépouillé de ses artéfacts lui conférant la majeure partie de ses pouvoirs dans le monde réel Dream attend une opportunité pour fuir et reprendre ce qui lui à été dérobé, ainsi que le contrôle de son royaume qui tombe en ruine en son absence.
Le moins que l’on puisse dire c’est que tout à été mis en oeuvre pour donner un résultat complet et cohérent de l’ouvrage colossal de Gaiman. On sent bien qu’il à eu l’oeil sur l’ensemble tant le rendu final est fidèle au matériau de base, et ce malgré les diverses modifications apportées aux personnages essentiellement.
En ce qui concerne l’histoire on reste quasiment sur du copié-collé, à l’instar de The Good Omens, autre ouvrage de Gaiman porté il y à peu en série, le show suit à l’identique le récit du roman graphique. Si celui-ci est déjà très bon en format papier, la dynamique apportée par le live-action dépoussière la narration quelque peu fanée mais toujours efficace du roman graphique. Une mise à jour qui permet au fan du comics de voir un excellent portage, et au néophyte d’entrer dans l’univers de Neil Gaiman par la voie royale tant le résultat réponds aux attentes.
Les changements, variations et autres modifications, ont toutes une logique et une explication tangible qui permet de les accepter avec plus ou moins de facilité selon la sensibilité de chacun. Difficile de contenter tout le monde lorsqu’on adapte une oeuvre des 90’s et qu’on veut la transposer au monde d’aujourd’hui. Autre temps, autre moeurs, le comics ne contient pas autant de personnages afro-américains, pas autant de personnages féminins, plus de créatures étranges et peu adaptables à l’écran. Cela fait également parti de l’adaptation et de l’actualisation d’une oeuvre.
De la réalisation aux effets spéciaux, en passant par la bande-son et le cast à toutes épreuves, Tom Sturridge en tête , tout est en parfaite harmonie avec le récit et l’intention du comics est palpable. Beaucoup crieront au sacrilège d’avoir fait de Lucifer une femme, incarnée ici par Gwendoline Christie l’interprète de la colossale Brienne De Torth de Game of Thrones, ou encore d’avoir remplacé John Constantine par son aïeule: Johanna Constantine, ou même d’avoir totalement retiré la Justice League de l’histoire. Rien n’à été laissé au hasard, les choix font sens, semblent longuement réfléchis et le résultat crève l’écran. On ne pouvait pas espérer meilleure adaptation.
Si elle divisera les fans « puristes » et tatillons de tous poils, la série saura convaincre les plus ouverts et amener un nouveau public à explorer encore plus l’univers incroyable de Neil Gaiman. Une véritable réussite, proche de la perfection. Espérons en revanche que le show ne connaisse pas le même sort qu’American Gods, autre adaptation efficace d’un roman de Gaiman, qui à été tout simplement annulée après 3 saisons.