Lors des deux précédentes saisons les showrunners de The Boys avaient posés les bases et développés une adaptation live réussie, pour un comics qui repousse, page après page, les limites du bon gout et du politiquement correct. Des personnages aussi caricaturaux qu’ambigus amènent forcément des situations extrêmes, que ce soit dans la violence visuelle et morale, que dans la satire sociale ouvertement décomplexée. Partant de ce constat, la série reprend sa galerie de personnages et monte encore d’un cran dans le délire glauque et brutal graphiquement.
Ames sensibles s’abstenir, The Boys ne faisait déjà pas dans la dentelle, mais là, il brode au chalumeau un récit qui sent, malgré tout les efforts fournis, le déjà-vu. Des sautes d’humeur du Protecteur, toujours interprété par le sensationnel Antony Starr et son jeu d’une subtilité captivante, au sale caractère qui cache un bon fond de Butcher, en passant par la mise en avant de Starlight malgré ses réticences, les personnages font malgré tout du sur place. Eric Kripke avait prévenu qu’il s’éloignerait du comics d’origine, tout en conservant l’esprit de ce dernier. Loin d’être mauvais, c’est clairement l’esprit bourrin et provocateur qui tiens la cabane tant le récit patauge et n’apporte que très peu d’intérêt aux épisodes qui enchainent les situations chocs et provocantes.
Au même titre que le comics, The Boys est une avalanche de séquences brutales et mémorables, et si l’épisode 1 de cette troisième saison ne vous à pas rassasié, Kripke à annoncé que l’épisode 6 devrait marquer les esprit des spectateurs. Ayant du faire l’impasse sur l’orgie des « supers », cet épisode a tellement marqué Antony Starr qu’il a déclaré ne pas vouloir voir le résultat final, tant l’expérience fût traumatisante à tourner.
Un bloc de sensationnalisme bien bourrin, des mises à mort spectaculaires, le show ne recule devant rien, malgré des effets parfois brouillons pour ne pas dire médiocres. Des fonds verts grossiers, des effets de flous pénibles, cela n’empêche pas d’apprécier la série tant le cast en général, ( Starr et Urban en particulier ) tient à bout de bras une série à l’histoire malingre et répétitive. Au passage, Queen Maeve est la grande absente de ce début de saison, avec une furtive apparition dans le premier épisode et rien d’autre pour le moment.
Outre les scènes de violence exagérément brutales, le passage dans le parc à thème « à la Disney » autour des soi-disant héros de Vought, est particulièrement savoureux et résonne comme un doigt d’honneur magistral aux corporations opportunistes, affichant du « woke » à outrance dans le seul et unique but de faire un maximum de profit au détriment de la qualité profonde de leur produit. Surtout quand on sait quelles ordures se cachent derrière ces pseudo-héros, la sensation de prendre le public pour une masse de débiles ultra-consuméristes est surmultipliée.
Du très bon, du très choc et pas mal de longueurs et de menus défauts pour ce retour des Boys. Si l’esprit de provoc est intact, espérons que le récit prévu par Kripke et son équipe saura trouver son rythme d’ici le prochain épisode car on sent déjà les faiblesses du récit derrière cet écran de fumée tonitruant.