Ce film de guerre apocalyptique suédois, réalisé par Adam Berg, a tous les atouts pour un bon film de guerre. Une brutalité urbaine et réaliste, une bande son caverneuse et entêtante appuyant le climat dépressif du métrage, des acteurs investis, Noomi Rapace en tête, qui nous entrainent dans un récit aux informations tronquées voire carrément manquantes. Seulement à trop vouloir perdre le spectateur dans les méandres du récit, on perd avant tout son intérêt pour l’histoire.
Dans une contrée du Nord ravagée par un conflit armé relativement contemporain, les unités de temps et de lieu sont très vagues, une escouade de soldats de fortune sont appelés, de force, pour une mission suicide qui pourrait changer radicalement le cours du conflit. Caroline Edh, interprétée par une Noomi Rapace toujours aussi efficace, prend rapidement l’ascendant sur ses compagnons d’arme, car pour la motiver ses « supérieurs » (on sent bien qu’elle n’est pas la par sens du devoir quand même.) lui ont promis qu’elle pourrait retrouver sa fille, disparue au début du conflit.
Sans être hors du commun, l’histoire reste accrocheuse, le ton froid et réaliste ancre bien le film dans un milieu cohérent malgré qu’on ne puisse pas clairement situé l’action, ni l’ennemi, qui fait bien évidemment écho aux événements actuels en Ukraine. Comme dans tout bon film de guerre, on se sent pris dans le parti des gentils, des justes, dès le départ. Un petit groupe de personnages aux motivations très différentes, plein de tensions, amène son lot d’échanges intéressants. Pourtant, dès le briefing de mission tout bascule, et le récit va passer sans transitions ni ménagements pour le spectateur du brillant, au ridicule, le tout sans trembler des genoux en trainant longuement son récit vers un dénouement qu’on voit venir à des kilomètres. On lève un sourcil plein d’espoir au détour d’un événement particulier, pour le baisser avec amertume tant la sauce ne prend pas. Pourtant les ingrédients sont bons!
Si le film ne glisse pas dans le nanar complet, c’est vraiment grâce aux comédiens qui sauvent de justesse un récit qui aurait du s’arrêter un quart d’heure plus tôt. Certes, la réalisation soignée et tout en sobriété d’Adam Berg apporte une vraie identité, une profondeur à certaines séquences qui auraient pu être bien plus marquantes. Comme le passage des corps pris dans la glace, pas assez de temps pour marquer l’événement, mais un dénouement beaucoup trop long et insipide en comparaison. Beaucoup d’efforts de mise en place, mais une conclusion bien trop décevante. Une très belle image finale cependant.
Soufflant à tout bout de plans le chaud et froid sur un récit déjà relativement bancal, les personnages alternent également entre un discernement aiguisé, à la limite de l’extra-lucide, et des prises de risques, naïves et irréfléchies qui vont à l’encontre des règles élémentaires de missions furtives. En parlant de furtif, je fais l’impasse sur l’exploration du bateau qui ferait passer la 7ème compagnie pour des ninjas surentrainés.
Si le final apporte un semblant d’explication sur le manque d’identification de l’ennemi, il n’en demeure pas moins maladroit et poussif. Une demie déception, parsemée de longueurs, pour ce retour de Noomi Rapace dans le registre guerrier qui lui va à la perfection. A voir une fois, sans espérer vivre une expérience inoubliable.