/Attention, cet article contient des spoilers sur le film Moonfall/
Roland Emmerich, le cinéaste jusqu’au boutiste de la destruction massive, revient sur le devant de la scène avec son Moonfall, qu’il avait promis comme s’échelonnant sur plusieurs films si le résultat était au rendez-vous. Après un sympathique Midway qui marquait une transition dans sa filmographie ultra axée sur le patriotisme Américain et des décors entiers rayés par des cataclysmes, Moonfall est arrivé avec l’étiquette du Blockbuster au budget XXL. Les premiers constats sont assez alarmants. Le film encaisse pour le moment 17 millions de dollars de recettes mondiales pour un budget avoisinant les 150 millions de dollars. Le long-métrage de SF recueille 39% d’avis positifs sur l’agrégateur de critiques Rotten Tomatoes.
C’est donc un vrai camouflet pour Roland Emmerich, dont les espoirs de franchise seront, sans nul doute, réduits à néant. Pourtant, même si Moonfall relève de la série B bien amusante et divertissante, tout n’est pas à jeter dans cette méga production.
Le film respecte à 100% les canevas du réalisateur Germano-Américain : en mettre plein la rétine au spectateur, souvent au détriment de l’histoire et de la construction dramaturgique autour de ses personnages. Moonfall ne déroge pas à la règle, les personnages centraux ne sont qu’esquissés, introduits avec maladresse, on ne peut donc pas véritablement ressentir d’empathie pour eux. Seulement, ils sont bien interprétés puisque Emmerich à la chance de pouvoir s’appuyer sur des noms comme Patrick Wilson et Halle Berry qui viennent apporter une certaine crédibilité.
Mais là où Moonfall impressionne, voire même désarçonne, c’est que le film garde sous clef une pirouette scénaristique un peu extravagante en fin de film, mais qui prouve les volontés de Roland Emmerich de lancer son univers étendu. Le cinéaste joue à fond la carte de la SF exagérée et loufoque, et on finit par adhérer à cet univers. C’est dans les quarante dernières minutes que l’on commence véritablement à s’attacher au trio de personnages centraux qui décollent pour l’espace, et qui vont découvrir qu’une civilisation désormais éteinte va les aider à affronter la force maléfique de la Lune. Ce choix narratif n’était pas forcément étendu et permet au film de s’éloigner de la simple pastiche : La lune casse tout sur la Terre, il faut survivre.
Le film traite aussi très brièvement des complotistes mais, ironie du sort, c’est l’un d’eux qui choisis de se sacrifier à la fin. Les critiques pleuvent sur le fait que les adeptes de théories du complot sont tournés en ridicule, et malheureusement c’est un peu le cas. Après, il ne faut pas véritablement s’attendre à des miracles d’un point de vue scénaristique. Les rares essais de grandes discussions scientifiques demeurent du meublage vain et poussif. On ne vit Moonfall que pour ses scènes de destruction grandeur nature et une séquence à l’intérieur de la lune, plus intimiste, qui détonne littéralement avec la filmographie du réalisateur.
Divertissement honnête et sans prise de tête, Moonfall est à saluer par sa prise de risque dans son dernier tiers et sa volonté de créer une vraie démarcation avec les gros films de Marvel ou les productions Hollywoodiennes d’envergure.