Analyses

Le Fan Service peut-il tuer le cinéma ?

/Attention, cet article contient des spoilers majeurs des intrigues de Ghostbusters : Afterlife et Spider-Man : No Way Home/

Au début associé aux animés Japonais, le terme « fan service » s’est depuis accommodé aux films de cinéma. On désigne par « fan service » cette pratique qui consiste à alimenter la passion et le fantasme des fans grâce au contenu qu’on leur offre. Cette façon de procéder est en majeure partie constitutive des Blockbusters d’aujourd’hui. Dans un micmac entre pop culture et cinéma, dès que l’on adapte dans les salles obscures un matériel source vidéoludique ou préexistant, le réalisateur se heurte à un problème de taille : essayer de composer une œuvre de cinéma en respectant l’emprunt initial.

En d’autres termes : Jeff Fowler (Sonic 1 et 2) doit marcher sur des œufs pour adapter le personnage de Sonic ou de Knuckles par exemple. Beaucoup attendent que les deux hérissons soient les mêmes que ceux des jeux vidéos. Mais cette volonté de devoir systématiquement donner au fan ce dont il a envie de bénéficier, est-elle en train de tuer le cinéma ? 

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L’exemple Ghostbusters

Le symptôme de cette considération peut se voir avec la franchise Ghosbusters. En évinçant les deux premiers opus d’Ivan Reitman de sa timeline et en recommençant tout avec son film de 2016 et son casting 100% féminin, Paul Feig s’est attiré l’opprobre des fans des chasseurs de fantômes. Il lui a été reproché de vomir l’héritage des Ghostbusters originaux qui a été, avec le temps, solidement cimenté dans les racines de la pop culture. Si le long-métrage de Feig est clairement mauvais sur beaucoup de points, on ne peut pas reprocher au cinéaste Américain d’avoir trahi son cinéma. Si l’on regarde l’ombre d’Emily (2018), Spy (2015) ou Les Flingueuses (2013), on retrouve toutes les thématiques chères au cinéma de Feig : la femme forte, meneuse de l’histoire, l’humour gras et facile et la pastiche colorée très « téléfilm ». Parce que Feig est un cinéaste de l’auto-dérision, ce qui peut enthousiasmer ou énerver certains.

En résumé : les fans n’ont pas aimé son Ghostbusters puisqu’ils n’ont ni adhéré à son esthétisme, ni à ses parti-pris. Pour les fans, Ghostbusters c’est Bill Murray, Harold Ramis, Ernie Hudson, Sigourney Weaver et Dan Aykroyd. Et Feig a fait la grosse erreur de faire table rase du passé sans rendre hommage aux acteurs originaux (il a bien tenté de le faire au moyen de caméos assez moisis)

Jason Reitman a donc réactivé la franchise mais avec une volonté tout autre, entretenir l’héritage des anciens Ghostbusters, quitte à les faire revenir dans les nouveaux films prévus. Beaucoup retiennent, par ailleurs, principalement l’apparition des chasseurs de fantômes originaux et non le reste du film ou son visuel très sympathique. Pour séduire les spectateurs, il fallait ainsi que le cinéaste se plie à leurs désirs.

Le fantasme No Way Home

Le phénomène du MCU n’a pas cessé depuis de longs mois d’entretenir  les rumeurs les plus folles sur Internet. Si bien que les fans avaient clairement une liste de courses de choses qu’ils souhaitaient voir dans le film, sous peine d’être déçus. Résultat, tout le monde a hurlé de joie devant les arrivées de Tobey Maguire, Andrew Garfield et aussi de Charlie Cox en Daredevil. Tout le monde a adoré revoir des interactions entre Octopus et Maguire, retrouver Willem Dafoe à l’aise dans le rôle du Bouffon Vert. La nostalgie s’est immédiatement emparée de ce Spider-Man avec un constat simple : Kevin Feige, Jon Watts et Marvel ont livré énormément de fan service aux aficionados de l’univers Spider-Man

Mais tout ceci sonne comme un cache-misère. Que retenir du film hormis la joie que nous procure le fait de revoir tous ces méchants et ces personnages cultes ? Pas grand chose. Le visuel de No Way Home est pauvre. L’affrontement final se fait sur un échafaudage, en pleine nuit. Tout est hyper minimaliste alors que Docteur Strange 2 à l’air de décaper beaucoup plus de ce point de vue-là. Il est probable que Jon Watts a tué tout ce qui fait de son film un « film » en proposant simplement et efficacement ce que le fan est venu demander : un Spider-Verse techniquement peu inspiré. 

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Etre novateur ne plait pas

Lorsqu’on détourne un matériel d’origine pour en proposer quelque chose de personnel, on se heurte à la vindicte populaire. 

Assassin’s Creed (2016) de Justin Kurzel, a été conspué par la critique, qui a assuré que le cinéaste avait massacré les jeux d’Ubisoft. Pourtant, il suffit de regarder l’adaptation de la tragédie Shakespearienne Macbeth effectuée par Kurzel pour comprendre que ce dernier a réadapté la franchise pour qu’elle corresponde au message qu’il souhaitait envoyer en tant que cinéaste. Même procédé avec Sonic : le film. Jeff Fowler voulait proposer un design plus humanoïde pour son hérisson mais s’est heurté face à la critique des fans, et le hérisson est repassé à la case post-production. Pour un bon résultat certes, mais dicté par les fans. 

Ainsi, le fan service vient souvent mettre des bâtons dans les roues aux créateurs et galvaude le résultat général de certains longs-métrages. On souhaite tellement trouver certaines choses dans un film qu’on a tendance, au final, à en oublier le reste. Et vous, qu’en pensez-vous ?

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