L’un des films les plus attendus de l’année, Spider-Man : No Way Home est le premier film du Marvel Cinematic Universe à entrer officiellement dans le multivers. À la fin de Spider-Man : Far From Home, Peter Parker est devenu un homme recherché, son identité ayant été rendue publique après que Mysterio a fait accuser le super-héros de son propre meurtre.
Réalisé par Jon Watts à partir d’un scénario de Chris McKenna et Eric Sommers, No Way Home a la responsabilité simultanée de continuer à développer l’histoire personnelle de Spider-Man tout en faisant avancer la narration globale du MCU et il y parvient en grande partie. L’équipe de Geeks Lands se réunit pour parler du film mais attention aux spoilers !
/// SPOILERS ALERT \\\
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No Way Home est un roller-coaster de fan service, mais pas un grand film
Par Mathieu:
Aucun fan du MCU et de Spider-Man ne peut bouder son plaisir devant Spider-Man : No Way Home. Toutes les théories fumeuses des fans deviennent réalité : Tobey et Andrew reviennent, tout comme Daredevil et les surprises sont légion. Fonctionnant sur les chapeaux de roue, No Way Home introduit très vite le multivers et nous propulse dans l’histoire. Les cinq méchants cultes de la saga reviennent pour notre plus grand plaisir. Chacun est de retour avec le petit détail qui fait sa différence.
Octopus est toujours perturbé par la perte de contrôle de ses tentacules, Norman Osborn dans la même dualité bien/mal que lors du Spider-Man 1 de Sam Raimi tandis que Flint Marko (Sandman) et Curt Connors (Le Lézard) ne comprennent pas ce qu’ils viennent faire ici. Concernant Max Dillon (Electro), ce dernier revient, mais n’est plus ce looser Geek qu’il était dans The Amazing Spider-Man 2. La grande force du film, c’est que la narration de ces personnages semble se poursuivre comme si leurs trajectoires respectives n’avaient jamais connu une funeste destinée. Marvel profite alors de l’opportunité No Way Home pour tout corriger.
Spider-Man : No Way Home soulève les cœurs de millions de fans, et le tout cache parfaitement une pauvreté visuelle affolante. Jon Watts est, à n’en pas douter, un très mauvais cinéaste. Rarement bien senti, il se contente de faire le travail, mais rien n’est à retenir du rendu final. Les décors sont anecdotiques et pauvres, les prises de vues rarement dingues (à part la bagarre Strange/Peter) et certains effets sont trop moyens (notamment les designs du Lézard et de l’homme-sable) — précisons par ailleurs que Rhys Ifans et Thomas Haden Church sont absents du film et ont été ramenés par le biais d’effets spéciaux.
Nouveau point positif : le Peter Parker de Tom Holland est beaucoup mieux exploité et gagne enfin en maturité. Il assume enfin ses erreurs et tente de se racheter. Il se retrouve ensuite au pied du mur lors de la mort cruelle et difficile de Tante May (Marisa Tomei), ce qui lui donne une toute nouvelle perspective si bien qu’il n’hésite pas à sacrifier son confort de vie pour le bien commun. La fin de No Way Home peut-être une fin parfaite pour son Peter Parker comme être le commencement d’un renouveau sur le personnage.
Ainsi, si No Way Home est un excellent film Spider-Man pour les fans, un vrai plaisir de retrouver tous ces personnages iconiques, le manque d’audace sur la réalisation est une déception. Nul doute que si Jon Watts avait laissé quelqu’un d’autre s’occuper du chantier, on aurait été encore plus gâtés.
Par Julien :
Spider-Man : No Way Home est une véritable ode offerte à trois générations de l’homme-araignée portées en live-action sur près d’un quart de siècle. Le film a été vendu comme un pur produit fan-service, et c’est bien là tout ce qu’on lui demandait d’être. Car, si Tom Holland s’est souvent trouvé bien peu inspiré au cours de ses prétendus films solos, ce troisième opus reprend le meilleur des sept films consacrés à nos araignées. On en parlait si souvent : Tobey Maguire était le meilleur Peter Parker (pas Spider-Man, PETER), en proie aux doutes perpétuels, poids d’une double vie insoutenable, fait face à ses erreurs… Tout un tas d’arguments que le Peter Parker de Tom Holland ne pouvait connaître, empêtré dans une armada de super-héros au calibre jusqu’ici bien plus imposant.
Tout cela est relégué aux oubliettes, Tom Holland livre une performance digne de ses prédécesseurs. Son personnage a enfin le mérite d’être écrit correctement, de peser, assumer et subir chacune de ses erreurs. Il devient réellement Spider-Man. On regrettera, malgré la ribambelle de super méchants revenus défier le vivant, que l’araignée de Tom Holland n’ait pas non plus son super vilain personnel à combattre dans ce film. L’histoire reste très axée sur cette volonté de réunir l’ancien avec le neuf et de plaire à tout le monde, ce qui dans tous les cas, fonctionne.
Ainsi on se retrouve sur un grand huit sans fin, alors même que Tobey Maguire et Andrew Garfield ne sont pas encore de retour, nous sommes déjà conquis. Marvel Studios et Sony Pictures nous livrent un récital de nostalgie mythique, à part les X-Men de la Fox, c’est bien aux Spider-Man de Sony que nous devons une telle victoire du genre dans nos salles obscures. Ce film est un challenge de gratitude, entre l’empire du MCU et son maître à qui il doit tant.
On a ainsi le vil plaisir de voir tous nos antagonistes d’antan retrouver la part d’eux qu’ils ont perdu dans leur ligne originale. Le Bouffon Vert de Willem Dafoe est donc traité avec tous les honneurs. Tiraillé par ses démons, à la conquête d’une rédemption. Vaincu après avoir créé de toute pièce ce nouveau Spider-Man en la personne de Tom Holland, il est toutefois guéri. L’univers et le multivers doivent avoir un Norman Osborn !
Correction majestueuse, version 2. O, Electro ressemble enfin à quelque chose. Le tout intimé de manière la plus naturelle qui soit, comme une continuité pour une franchise qui a finalement jamais cessé d’être. Chaque profil est repris pour être affiné. On se délecte des clins d’œil, à l’image de Tobey Maguire qui croit revoir le Nouveau Bouffon (Harry Osborn, James Franco), et la séquence finale. L’arrivée de Tom Holland dans son appartement miteux, le proprio et son loyer, et cette radio 4G sur smartphone. Chapeau, chapeau Sony, chapeau Marvel Studios.
Steeve :
2 h 30 de fan service nostalgique aussi efficace et rapide qu’un jet de toile. Mais tout comme ledit jet de toile, il se résorbe vite et laisse transparaitre les faiblesses et incohérences de la réalisation et du scénario. On est clairement dans « l’iconique » tout du long, et malgré la maturité bienvenue du Peter « Holland » Parker, les différentes incursions dramatiques hissent maladroitement le film hors de son carcan de pure machine de guerre super-héroïque, calibrée pour atomisé le box-office. En ce sens le film fonctionne et on ne peut ressentir que de la gratitude au sortir d’une séance qui réunit l’intégralité de la saga Spidey en un seul et même métrage, fluide, lisible et cohérent malgré les énormes ficelles et codes narratifs vus maintes et maintes fois.
Les ennemis et précédentes versions de Peter, intègrent le MCU pour le plus grand plaisir des fans. S’ajoute à cela Matt Murdock alias Daredevil, toujours interprété par Charlie Cox, l’éventualité d’un Spidey noir dans cet univers, faisant fortement appel à l’intégration proche de Miles Morales au sein du MCU, on déconstruit pour mieux réassembler et redistribuer les cartes pour le futur. Le film pourrait alors trouver sa cohérence dans les prochains opus des héros Marvel.
C’est avec plaisir que l’on retrouve les ennemis des autres univers, plus déterminés, puissants et charismatiques qu’auparavant pour au moins trois d’entre eux, l’Homme-sable et le lézard restent relativement en retrait. Si Octopus est toujours aussi impressionnant et un poil plus virulent, le meilleur traitement revient au Bouffon qui prend véritablement toute sa dimension menaçante, tant par le comportement fluctuant d’Osborn, campé par Willem Dafoe au top de sa forme, que par le combat brutal contre Spider-Man dans l’immeuble. Bien plus qu’un simple combat, c’est véritablement une transposition de toute la rage et la brutalité des combats des comics à l’écran. Un régal sans fausse note pour les fans.
On sent également la volonté des studios d’offrir aux fans ce qu’ils attendent malgré les problèmes d’ayant droit et autres tensions légales. Certes l’humour bon enfant et le traitement léger de certains événements en refroidiront plus d’un. Le ton désinvolte de Strange en est le parfait exemple, au risque de rendre le personnage un peu idiot, il peut tout aussi bien être perçu comme un excès de confiance et une erreur nécessaire pour ouvrir la porte à la suite des aventures du sorcier suprême, qui pèche ici par manque de prudence et de discernement quant à l’utilisation de ses pouvoirs.
Beaucoup d’écueils empêchent donc ce No Way Home d’être un bon film cinématographiquement parlant, mais résonne comme une véritable lettre d’amour au spider-verse en général et Spider-Man en particulier. Les fans du personnage, comics et cinéma confondus, y trouveront leur compte, ceux qui espèrent encore trouver du cinéma traditionnel dans le MCU auront encore une fois fait fausse route.
On retrouve donc Parker où il doit être en définitive, et le héros, peu importe l’univers où il se trouve, suit fatalement la même destinée. Petit détail d’importance : on en arrive à penser que prononcer « un grand pouvoir implique de grandes responsabilités. » devient l’assurance de voir son personnage disparaître.