Sorti le 3 Novembre 2021 dans nos salles de cinémas, Les Eternels fait suite à Shang-Chi, sorti au mois de Septembre. Avec une toute nouvelle galerie de personnages, le film raconte l’histoire d’un groupe de héros nommé Les Eternels, chargé de protéger la Terre des Déviants, des créatures monstrueuses qui s’attaquent à l’humanité lors de plusieurs grandes périodes historiques. Dès le début, le long-métrage se détachait des autres carcans de Marvel pour plusieurs raisons et notamment la présence de Chloe Zhao, auréolée de l’Oscar de la meilleure réalisatrice et du meilleur film pour Nomadland (2020). Disney s’est donc adjugé les services d’une réalisatrice talentueuse pour essayer de proposer un projet quelque peu singulier : un méli-mélo entre cahier des charges et véritable empreinte d’auteur.
Il s’agit de ne pas faire la fine bouche devant Eternals : on est loin d’assister au plus gros fiasco de Marvel, tant la forme est impeccable. Il y a une gestion artistique de Chloe Zhao qui est incroyable. De la photographie, à l’utilisation des décors, des costumes… On est dans une constante magnification des plans, si bien que la majeure partie du film nous donne le sentiment de vaquer dans les époques, lors de fresques historiques plutôt bien retranscrites. C’est la photographie de Ben Davis (chef opérateur de Docteur Strange, Captain Marvel ou encore Dumbo) qui est à souligner car l’équilibre entre le clair et l’obscur est fin et n’apparaît comme jamais désaturé ou excessif.
Eternals est une vraie réussite visuelle, qui se détache réellement de tous les canevas classiques de ses prédécesseurs. On peut cependant reprocher une fâcheuse tendance à filmer des personnages qui se tiennent, immobiles, dans un vaste décor, comme pour appuyer avec outrance un côté contemplatif qui ralentit durablement les scènes. Ainsi, on sent réellement passer les 2h37 de film.
Le problème est tout autre : Marvel est-il réellement capable de laisser les coudées franches à un cinéaste de renom ? Eternals en est un constat d’échec. Si Chloe Zhao possède, indéniablement, une vraie patte artistique, sa vision est morcelée voire galvaudée par le cahier des charges du MCU : être un film transitoire, entre l’éclipse de Thanos et le multivers lancé par No Way Home. Le schéma narratif du film est aussi déjà-vu : outre une véritable introduction longue et dense, Eternals joue de facilités pour monter un antagoniste de toutes pièces et le dénouement arrive comme un cheveu sur la soupe.
La faute à des personnages qui ne fonctionnent pas en grande partie. Introduit à la va-vite, on ne s’y attache pas, ou très peu. L’antagoniste traître n’a que peu de motivations et est difficilement expressif quand d’autres n’apparaissent que comme des pions à défausser pour faire avancer l’intrigue. La palme revient à Angelina Jolie (Thena), certainement la plus badass de tous les Eternels mais le traitement de sa singularité est abordé à la hâte, avant de ne plus jamais y revenir. Le film, de façon générale, se noie dans des sous-intrigues qui alourdissent le rythme sans épaissir en même temps ses personnages.
Eternals ne mérite pas son dézinguage en règle sur Rotten Tomatoes mais n’est pas non plus reluisant. Malgré une direction artistique aux petits oignons, les problèmes sont légions : la musique de l’expérimenté Ramin Djawadi est inexistante, les personnages sont sans saveur et le dénouement bascule dans de l’hyper convenu et tease les prochains films de la phase 4, et notamment Blade ! Restez bien pour la scène post-générique !