Eternals a reçu des critiques particulièrement mitigées, démontrant, par la même occasion, à quel point la formule MCU ne prend plus. Peu importe le talent du réalisateur qui se cache derrière.
Vingt-sixième opus du Marvel Cinematic Universe, Eternals raconte l’histoire d’une race immortelle vivant secrètement sur Terre et qui, à cause de « l’émergence », doit refaire surface pour protéger l’humanité des Déviants. Le film est réalisé par Chloé Zhao, lauréate d’un Oscar, et met en lumière une ribambelle d’acteurs dont Gemma Chan, Richard Madden, Kumail Nanjiani, Kit Harington, Salma Hayek et Angelina Jolie, une flopée de noms prestigieux qui ne semble toutefois pas sauver le film. Malgré un certain talent salué par la critique, le film a reçu des avis très mitigés.
En 2018, quelques mois seulement après que le président de Marvel Studios, Kevin Feige, ait annoncé la production d’Eternals, Chloé Zhao, réalisatrice de The Rider (2017), a été engagée. Un choix correspondant aux préférences de Kevin Feige, à savoir, travailler avec des cinéastes qui dépassent le carcan habituel et typique des blockbusters.
À l’origine, Chloé Zhao avait été présélectionnée pour réaliser le film solo de Natasha Romanoff, Black Widow, bien que le poste ait finalement été attribué à Cate Shortland, elle a décidé de présenter sa vision d’Eternals au studio. C’est ainsi qu’elle a été gardée pour mener le projet à son terme.
Malgré la participation prometteuse de Chloé Zhao, Eternals subit déjà le constat accablant de la critique et des fans qui ont pu voir le film. Sa cinématographie, son casting et son jeu d’acteur sont largement salués, tandis que sa mythologie et son rythme narratif sont critiqués.
Sans surprise, bien qu’Eternals s’avère être l’un des films les plus visuellement aboutis, il reste fidèle à la formule narrative de Marvel. Pour cette raison, les critiques de cinéma ont fait remarquer qu’ils cherchaient dans Eternals le style cinématographique caractéristique de Chloé Zhao, pour en ressortir déçus. En effet, cette formule limite la créativité de la réalisatrice, nonobstant la liberté de création qui lui a été accordée, qui incluait même le tournage en extérieur avec la caméra qu’elle a utilisée pour Nomadland.
La narration du MCU a été plus ou moins définie par un schéma type et systématique combinant la présentation des héros et de leurs homologues maléfiques dans la première moitié et de la course contre la montre pour faire équipe et sauver le monde dans la seconde avec des répliques pleines d’esprit, des références à la culture pop et des blagues téléphonés qui semblait pourtant bien correspondre (à son) au grand public. Cette formule a fait l’objet de discussions au sein de l’industrie, d’autant plus que des cinéastes chevronnés ont explicitement exprimé leur désapprobation à son égard. Ce n’est pas parce que la formule Marvel a fonctionné pendant plus d’une décennie sur le plan critique et commercial qu’elle est sans faille et qu’elle doit continuer à être suivie aveuglément pour la suite des évènements.
En fait, les Eternels prouvent que cette formule rend tout l’arsenal du MCU uniforme et prévisible. Par conséquent, peu importe qui sera engagé pour réaliser les prochains films, aussi audacieux et visionnaires soient-ils, ils seront toujours limités par le modèle narratif imposé dans l’univers cinématographique. Bien sûr, il peut y avoir des écarts et des développements intéressants, comme l’intention de Chloé Zhao de rendre Eternals aussi représentatif que possible en introduisant un casting inclusif mais en fin de compte, les conventions du cinéma Marvel règnent toujours.
Après trois phases de superproductions, Black Widow a prouvé que la formule du MCU n’était plus d’actualité et Eternals semble suivre le même tracé. Cette dépendance à une structure familière devrait déjà être mise au rebu, d’autant plus que le studio a l’intention d’inaugurer une nouvelle vague de héros et de multivers.