Après le navet intersidéral proposé par Ruben Fleischer en 2018, le passage de témoin a été effectué à Andy Serkis. Ouvert sur l’apparition de Carnage au sein de la scène post-générique, cette suite de Venom promettait du lourd si elle était gérée correctement. Seulement, la campagne marketing du film a été un violent foirage en règle. La durée annoncée était d’à peine 1h30, Andy Serkis a vendu son long-métrage comme étant une « bromance« entre Eddie Brock et Venom et la classification du film, malgré la présence du Symbiote Carnage et du malade Cletus Kasady, est restée PG-13, sous-entendant ainsi quelque chose de bien trop gentillet pour respecter le personnage.
Parce que c’est cela Venom : Let There Be Carnage, un manque de respect constant et un gigantesque doigt d’honneur aux fans ou aux aficionados des comics. Rien est fait correctement, à commencer du traitement de Carnage, l’un des méchants préféré des fans de Spider-Man. Attention, des spoilers sur Venom : Let there Be Carnage seront ci-dessous tant on vous déconseille d’éviter ce massacre (si vous ne l’avez pas encore vu).
Si Woody Harrelson, l’un des comédiens les plus talentueux d’Hollywood à l’heure actuelle (les plus sceptiques doivent voir la Planète des Singes : Suprématie) tente de sauver les apparences, il n’arrive que trop peu à donner de la crédibilité à un scénario qui vomit allégrement sur son personnage. Casady est introduit comme une voiture à 500 km/h sur l’autoroute, n’a aucune origin-story à part un très court moment et est liquidé à la va-vite comme un vulgaire fusible. Si son design est sympa, on sent encore une fois que les équipes n’ont rien compris au personnage. Plutôt qu’un Symbiote plus chétif, avec une voix plus aiguë, plus « psychopathe » que Venom, on en retrouve une pâle copie de celui-ci, en rouge.
Mais surtout, au bout d’1h20 de film à peine et au terme d’un très court climax filmé avec la finesse d’un orang-outan unijambiste, Venom croque le symbiote Carnage et Casady avec. Le parcours d’un des iconiques méchants de Spider-Man s’arrête là après un temps d’écran de maximum trente minutes. Un flagrant maque de respect qui se donne la peine d’aller encore plus loin que cela.
Le long-métrage d’Andy Serkis est presque pitoyable d’arrogance et de débilité. Ne sachant même plus quoi raconter, Venom quitte temporairement Eddie Brock pour se retrouver dans une boîte de nuit où il délivre un message d’espoir… pour l’humanité. Le scénario et les dialogues sont probablement les plus mauvais de ces dernières années. Les personnages enchaînent les interactions misérables et Serkis entrecoupe son film de moments gênants d’amour entre Eddie et Venom, présents pour bien nous appuyer que ce qui devait être à la base un film noir et mature sera, éternellement et à jamais, un gros ramassis de bouse infâme.
On sent que ces 1h30 passent pour une tentative de raccorder au plus vite le Symbiote au MCU. Car oui, la scène post-générique le montre : Spider-Man et Venom se retrouveront. On a le sentiment qu’Andy Serkis a sacrifié son film pour parvenir au plus vite à cette considération que tout le monde connait déjà.
En termes de réalisation, Andy Serkis, qui nous avait prouvé qu’il pouvait se débrouiller avec l’adaptation réussie de Mowgli recopie simplement les défauts du film de Fleischer. Les scènes d’actions sont illisibles, tout est coupé à outrance et la photographie désaturée n’aide tout cela en rien. Venom : Let There Be Carnage est donc une gigantesque catastrophe artistique, où ceux qui ont pris par à cette mascarade ont littéralement vomi sur les personnages de Venom, Carnage et sur l’ambiance générale des comics réunissant ces personnages. Une honte monumentale dont la scène post-générique n’est que l’arbre qui cache la forêt.