Premier long-métrage en tant que réalisateur de Laurent Lafitte, L’Origine du Monde est adapté de la pièce de théâtre du même nom de Sébastien Thiéry et raconte l’histoire de Jean-Louis Bordier, un quadragénaire, qui se rend compte que son cœur ne bat plus. Pour y remédier, sa femme fait appel à une « coach de vie » un peu gourou sur les bords, qui trouve une idée bien saugrenue pour venir en aide à Jean-Louis : Prendre en photo le vagin de sa mère, qu’il n’a plus vu depuis plusieurs dizaines d’années.
Un pitch très bizarre qui pouvait laisser libre court à quelque chose de presque inédit dans le cinéma Français. Et l’essai est en majeure partie transformé. L’Origine du monde est une satire extrêmement drôle, savamment dosé par des répliques fines et travaillées. Le tout est porté par un quatuor d’acteurs (Hélène Vincent, Laurent Lafitte, Karine Viard et Vincent Macaigne) très efficace. Tout le long-métrage ne repose que sur un gigantesque comique de situation, et Lafitte tente de dynamiser son récit en sortant du carcan « théâtral » et en multipliant les décors.
L’acteur-réalisateur prend le parti d’installer son personnage et sa vie avant de rentrer dans le nœud de l’intrigue. Cependant, certains éléments ont tendance à désarçonner tant on ne comprends pas les choix empruntés par Jean-Louis (et notamment dans le premier quart d’heure). Là où l’ennui peut rapidement s’installer, l’Origine du Monde multiplie les risques en grande partie réussis (les moments oniriques un peu bizarres) mais flirte aussi avec les limites de la bienséance (on tourne autour de l’agression d’une personne âgée, et même sous couvert de l’humour, ce n’est pas très fin).
On rit de bon cœur devant le film, assurément mais on se perd aussi souvent dans des turpitudes un peu rallongées. Il est toutefois intéressant de notifier que Laurent Lafitte multiplie les réussites visuelles. En jouant avec le hors-champ, les plongées, l’obscurité et les champ-contre-champ dynamiques et face caméra, on a le sentiment d’entrer dans une interactivité proche de ce que l’on ressent au théâtre, sans y être totalement investi.
De façon générale, L’Origine du Monde est assez réussi, porté de bout en bout par une empreinte d’auteur prometteuse, ce qui en fait un contre-pied parfait aux Blockbusters à découvrir en salles.