Reminiscence est un thriller dystopique de science-fiction un peu arrivé comme un cheveu sur la soupe dans cette galaxie de grosses sorties Hollywoodiennes de cet été 2021 mais promettait des choses que ses homologues n’avaient pas : une véritable empreinte d’auteur, une ambiance sombre et post-apocalyptique et surtout, un scénario bien ficelé autour des enjeux de ses protagonistes. Réalisé par Lisa Joy, à qui l’on doit la création de la série Westworld et la réalisation de plusieurs de ses épisodes, solidifié par un fort casting (Hugh Jackman, Rebecca Ferguson, Thandiwe Newton), Reminiscence possédait clairement des arguments solides pour être le film surprise de l’été.
Pourtant, le long-métrage n’a amassé que 2 millions de dollars de recettes sur son premier week-end d’exploitation et possède des critiques plutôt mitigées.
Dès les premières minutes, on sent Lisa Joy dominée par un objectif, proposer un univers atypique. Le monde de Reminiscence est horrible, décimée par une guerre antérieure que l’on a pas vue car évoquée par les protagonistes. Les survivants se bousculent pour venir vivre leurs souvenirs d’antan chez Nick (Hugh Jackman) qui propose la réminiscence : c’est-à-dire une plongée dans ses propres souvenirs. Au début, le scénario part un peu dans tous les sens et fait s’enchevêtrer plusieurs couches de fils narratifs.
Il faut donc s’accrocher pour ne pas se perdre tant la créatrice de Westworld ne prend pas son spectateur par la main : il lui faut se souvenir de tous les personnages gravitant autour du cœur de la narration pour se rappeler de leur cohérence un peu plus tard. Passé une vaste introduction un peu lourde, Reminiscence jongle avec les points de vue en nous proposant quelques moments de pause. Mais une fois le fil rouge du récit lancé, tout se décante facilement et le film devient un thriller d’enquête plutôt efficace.
Chaque personnage est un rouage précis de l’intention artistique de Joy. Hugh Jackman joue à merveille l’antipathique Nick obnubilé par son amour et par la recherche de vérité. Rebecca Ferguson sait incarner à la perfection la femme forte et manipulatrice mais révèle sa véritable nature par un saisissant climax. L’étonnant Cliff Curtis est aussi à souligner puisque son méchant est très crédible avec de solides motivations.
Lisa Joy multiplie les climax, dans l’objectif certain de nous perdre. Mais la nuance apportée finit par nous rendre compte qu’on aime bien, au final, s’égarer dans ce long-métrage, tant les personnages et l’intrigue sont travaillés avec une incroyable finesse. Les références à Westworld, tant sur le degré de similitude des plans avec certains visages familiers qui reviennent à l’écran, sont aussi frappantes.
En résumé, Reminiscence est un thriller dystopique efficace, porté par un casting crédible et sérieux et un scénario dense et intelligent. Une petite perle à découvrir de toute urgence.