Cinéaste avec énormément de gimmick et de parti-pris de réalisations pensés de A à Z, M. Night Shyamalan est de retour avec Old, un thriller à mystère où des individus (dont des enfants) se retrouvent sur une plage dont ils ne peuvent pas sortir et où leur vieillissement se voit accéléré. Ils vont alors essayer de trouver un moyen de quitter la plage par tous les moyens.
Resté assez mystérieux et évasif dans sa bande-annonce, Old est un film truffé de bonnes idées, mais avec un grand nombre de défauts. Habitués aux twists salvateurs et aux drastiques retournements de situations, on sent cette fois-ci venir à des millénaires le coeur narratif du film. Maladroit dans son ensemble, assez décousu et en perte de vitesse à certains moments, le cinéaste est incapable de meubler correctement son intrigue avec un amoncellement de sous-intrigues juste chargés d’étayer la psychologie des personnages (Le divorce, la grossesse, la maladie…). Shyamalan prends chacun des thèmes chargés de construire notre vie et les déconstruit pour en montrer les forces et les faiblesses.
Mais, encore une fois, le final reste assez pauvre, très vite expédié et surtout ultra-attendu. Le cinéaste trouve sa justification dans un contexte scientifique cent pour cent alambiqué grâce à des preuves très terre à terre. On prend toutefois un malin plaisir à suivre ces différents personnages et a attendre, au-delà d’avoir des explications claires et nettes, de savoir comment il vont parvenir à s’enfuir.
Chez Shyamalan, tout à une signification. Des couleurs aux différents mouvements de caméras, tout y est important. Ce melting-pot faisait déjà le sel de Glass, mais se retrouve aussi dans Old. Par la force des différents plans, Shyamalan nous largue par différents travellings circulaires, renforce l’exclusion du personnage de Rufus Sewell en l’inscrivant dans des plans très larges, manie les cuts au bon moment et joue avec les gros plans pour instaurer le malaise. Hitchkockien par moments, Old a des bonnes idées sur le plan dramatique, mais ne va pas aussi loin que là où il devait aller.
Le film puise dans des thématiques chères au réalisateur Indien. La famille, le temps qui passe, la vieillesse et l’enfance se bousculent dans cette production. Si M. Night filmaient les corps nus qui flétrissaient dans The Visit, il inscrit ces corps dans quelque chose d’évolutif sur une durée beaucoup plus longue. La bimbo blonde passionnée par son corps voit celui-ci se disloquer, le médecin perd la boule… Chaque personnage entretient un rapport particulier avec son corps et Shyamalan prends un malin plaisir à créer le malaise à partir de cela.
Old n’est pas gore mais il est malsain, violent, parfois même déstabilisant. Il cherche sans cesse à jouer avec les codes de la bienséance. Fantastique sans véritablement l’être, ce Shyamalan parvient à entretenir son histoire du début à la fin mais se perds malheureusement dans une justification foireuse de son récit à défaut d’un retournement de situation comme sait le faire le cinéaste.
Le film s’en tire avec les honneurs grâce à son casting 3 étoiles, où Alex Wolff, Gael Garcia Bernal, Thomasin McKenzie ou encore Rufus Sewell se donnent la réplique. Chacun semble à fond derrière son personnage et rendent le tout crédible à l’écran sans trop en faire.
Il est difficile de détailler plus ce Old sans en dévoiler ses grandes lignes puisque ce dernier reste un film à mystère plaisant lors du premier visionnage, mais une fois la révélation de fin passée, il reste simplement un film à revisionner pour analyser les utilisations des plans et de la couleur par M.Night Shyamalan pour être en mesure d’en interpréter les symboliques afin d’affiner notre compréhension du récit. Bon film à mystère mais dispensable, Old fait son travail mais n’étonne malheureusement pas.