A ceux qui cherchent du divertissement spectaculaire de qualité, passez votre chemin. Revoilà Dom et une partie de sa famille de dingos dans un nanar 5 étoiles. Alors qu’on s’imaginait que la saga ne pouvait pas malmener encore davantage la cohérence et les lois de la physique, ce nouvel opus se débarrasse de toutes formes de contraintes pour laisser place à une débauche de cascades et de poursuites toutes plus invraisemblables que les autres, à la limite du cartoon par moments. Si pour certains c’est un gage de qualité et une valeur correspondant à l’évolution (dégradation?) de la saga, pour les autres c’est une purge de 2 heures avec de maigres éléments à sauver.
Un film crétin et insipide ou se mêlent punchlines de merde, résurrections de personnages à la justification approximative et foireuse, bastons extrêmement mal chorégraphiées et j’en passe. Rien n’est épargné au spectateur qui aura le malheur de faire un effort de réflexion durant la séance. Avec cet opus, qui ne sera malheureusement pas le dernier, Justin Lin montre que la saga n’évolue pas mais s’adapte continuellement à son public cible. Les fans de la première heure regretteront le temps des courses de rue des premiers épisodes, les autres s’abreuveront du délire visuel gras et mollement spectaculaire servi par une équipe persuadée de la qualité du résultat.
Dans ce fatras navrant ressort malgré tout une origin story plutôt bien conçue qui justifie autant que possible les choix de vie de la famille Torreto, touchante et teintée de nostalgie. Les interprètes des versions jeunes de Dom et Jacob sont d’ailleurs très bon dans l’exercice et font oublier le temps de leur scènes, la dure stupidité de leur version adulte.
Certain regretteront l’absence de Hobbs et Shaw, mais ce n’est clairement pas le coeur du problème ici. Leur absence est d’ailleurs maladroitement compensée par l’apparition ici et la de Kurt Russel, Helen Mirren, Charlize Theron et Cardi B., qui viennent passivement cachetonner dans ce monument de beauferie. Le reste du cast ne semble pas spécialement convaincu non plus et donne le change sans grande conviction à l’écran. Le seul qui semble encore prendre son pied reste Vin Diesel à travers les diverses séquences « égotrip » ubuesques.
A l’image de la saga Call Of Duty, qui a vu la qualité de ses opus se dégrader au fur et à mesure de la série et les joueurs ciblés se modifier en conséquence. On est en droit de supposer que Fast s’est également modifié dans sa forme au détriment du fond pour correspondre à une catégorie de spectateurs totalement différente au fil des épisodes. Par ailleurs, les deux sagas ont étrangement fait une incursion dans l’espace. Car oui, aussi fou que cela puisse paraître nos zozos se paient un vol spatial. La fin de la saga sera forcément la sortie du coma de Dom suite à l’accident de la fin du premier film, façon « tout cela n’était qu’un rêve ». Ce serait bidon, mais vu que rien ne les arrête, on est pas à l’abri d’une fin de merde.
Qu’on adhère ou qu’on rejette en bloc, le film à le mérite d’assumer son statut de Fast Food Film, vite mangé, vite chié, et aussi bon à l’entrée qu’à la sortie. Un divertissement aussi oubliable qu’un feu d’artifices, sans dimension, sans conséquences et au final, sans réelle saveur. Difficile d’envisager la suite après un film aussi vain. Mais vu l’accueil du public, la culture du vide à de beaux jours devant elle. Une chose est claire, pour nous, ce Fast 9 n’est ni Fast et encore moins Furious.