Le célèbre cinéaste de 82 ans, fort d’une très longue carrière et d’une filmographie assez éclectique, revient sur le devant de la scène avec Benedetta, un long-métrage inspiré de faits réels autour de Benedetta Carlini, une nonne Italienne. Tout autour d’elle commence à se créer des événements mystiques, et Benedetta tombe sous le charme de Bartolomea alors que le lesbianisme est interdit dans le cercle religieux. Dans le rôle-titre, on retrouve la comédienne Française Virginie Efira, qui avait dernièrement crevé l’écran dans Au revoir là-haut d’Albert Dupontel.
D’une inspiration sans faille, Verhoeven parvient à créer une véritable ambiance anxiogène, terriblement malsaine. La force de la colorimétrie renforce ce côté glauque de tous instants. On sent Verhoeven inspiré par des carcans très mobiles. Dans Benedetta, on retrouve un peu de Darren Aronofsky (Mother ! – 2017) dans le traitement de la protagoniste centrale. Tout le film gravite autour de Benedetta, si bien que sa relation avec Bartolomea bascule presque dans l’anecdotique.
Verhoeven propose une héroïne singulière, un peu dans la lignée de Michèle (Isabelle Huppert) dans Elle. On le sent désormais focus sur un nouveau thème inhérent aux thrillers : la femme intrigante, au-delà du fait d’être forte et le rapport de celle-ci à la sexualité. Benedetta était le parfait consensus de toutes ces thématiques : à savoir introduire la sexualité dans une micro-société qui la rejette et traiter toutes les strates de son personnage féminin.
Fort d’un scénario tentaculaire, Benedetta ne s’arrête pas à sa protagoniste puisque bon nombre de personnages tertiaires sont aussi traités à savoir Felicita (Charlotte Rampling) ou encore Christina (Louise Chevillotte). L’interprétation organique et incroyable de Daphné Patakia (Bartolomea) est aussi à notifier. Le casting 100% Français remplit à merveille sa part du contrat et parvient à densifier le côté dramatique de Benedetta.
On peut peut-être juste dénoter un manque de risques à certains moments, et quelques soubresauts scénaristiques pas toujours bien sentis. Les longues stases où Benedetta se donne à Dieu sont aussi trop répétitives et alourdissent le rythme lors du premier tiers. Ce n’est que lorsque le rapprochement avec Bartolomea arrive qu’on sent que l’étau se resserre autour de la protagoniste, impactant ainsi directement ses actions futures.
L’autre grandissime force de Benedetta est sa musique, avec des connotations très christiques. Le boulot d’Anne Dudley est magnifique et la compositrice Anglaise n’a plus rien à prouver au cinéma d’aujourd’hui (Les Misérables, American History X).
Verhoeven est dans une composition constante de ses plans, et une magnification permanente de ses images. Profondément inspiré, on sent le cinéaste presque perdu par autant de créativité. L’humain n’est qu’un élément du décor permettant de faire véritablement avancer l’histoire. Dans le décor ordonné du couvent, chacun est à sa poste et remplit un ordre bien particulier.
Vivace, sulfureux et dense, Benedetta est un coup de force de Paul Verhoeven, qui nous prouve, à 82 ans, qu’il est toujours au top.