Enfin disponible ! Cette Snyder Cut de la Justice League se sera fait désirer, en grande partie pour faire passer le gout amer laissé par l’infâme bousin nauséabond de Joss Whedon de 2017. Si le réalisateur n’est pas le seul fautif dans le naufrage total que représentait le « sketch » Justice League à l’époque, une grande partie de la faute revenant aux studios qui dans leur logique mercantile ont préféré sortir un film inabouti et totalement hors des attentes du public. Des torts partagés donc, qui ne faisaient que renforcer l’attente et la demande d’une vraie Justice League, menée de bout en bout par un réalisateur impliqué possédant une vision globale de l’univers préétabli par les différents films qui composaient le DCCU. Univers dans lequel la précédente Justice League faisait obligatoirement tache. Il ne s’agissait pas de refaire le film dans sa totalité, mais bel et bien de reprendre l’œuvre là où Snyder l’avait laissée et de la terminer. À l’époque, Zack Snyder avait quitté la production du film suite au décès de sa fille Autumn, à qui cette version est bien évidemment dédiée.
La trame globale est relativement la même, mais s’étoffe de nombreux éléments et sous récits, qui rendent l’ensemble plus cohérent et harmonieux. Bien que cela rallonge le métrage de manière conséquente, Snyder tient son récit de main de maître et parvient à ne faire ressentir aucune longueur ni lourdeur, pour peu qu’on apprécie le travail du réalisateur à la base. Car oui, c’est sa version ! Ralentis en pagaille, léger flou ambiant, colorimétrie propre à son univers, ambiance beaucoup plus sombre et lourde dans la veine directe de Man Of Steel, et Batman V Superman. Qu’on adhère ou non, il est indéniable que Snyder avait déjà en tête tout cet univers bien fondé. Une vision d’ensemble maitrisée, pour un rendu global titanesque
Certes le film n’est bien évidemment pas parfait et possède quelques faiblesses que les fans purs et durs auront vite oubliées, mais les spectateurs lambdas pourront très vite se sentir exclus et découragés face à un tel monument de super héroïsme. Pris comme tel, le film n’est pas engageant et seuls les fans pourront convaincre d’autres fans de le voir, de par sa longueur d’une part et son univers très codifié et relativement complexe pour le néophyte. En bref, si vous attaquez le DCCU par la Snyder cut, vous serez largués et probablement déçus par les autres films de cet univers. Cette Snyder cut est effectivement un mastodonte qui, sans nuire aux précédents films DC, met la barre bien plus haut en termes de narration et de développement de personnages.
Aucun personnage n’est laissé de côté et son utilisation est toujours justifiée, même si cela entraine un temps de présence à l’écran très court, comme Gordon qui apparait assez brièvement au cours du métrage. Les plus gros changements et améliorations portent sur Flash, Cyborg et Steppenwolf, qui avaient vu leurs personnages charcutés et relégués au dernier rang du développement du JL de 2017 pour mettre toute la lumière sur Batman, Wonder Woman et la résurrection de Superman. Justice rendue donc pour Flash et Cyborg, qui sont développés et prennent une place de premier plan dans le récit. Quand on voit le rendu final de Cyborg dans cette version, on comprend mieux pourquoi Ray Fisher a lutté pour qu’on rende sa véritable place à son personnage.
Une bonne équipe de super-héros ne fonctionne vraiment que si on lui donne un vilain convenable à affronter, si Darkseid est effectivement présenté ici comme la menace ultime, l’équipe doit avant tout affronter son lieutenant déchu Steppenwolf. Encore une fois la Snyder Cut rend justice au personnage, et parvient à faire oublier le Steppenwolf anecdotique et son armée de paradémons faméliques en les remplaçant par une version boostée. Plus brutaux, agressifs et visuellement plus aboutis, les ennemis sont également beaucoup plus fournis scénaristiquement.
Snyder se permet même d’envoyer des pistes narratives sur le multivers, l’équation d’anti-vie, et le corps des Green Lantern, de véritables pavés de l’univers DC. Snyder n’entrouvre pas la porte des possibilités, il la fait littéralement voler en éclat. Nul doute qu’après un tel tour de force, Warner Bros aura la pression nécessaire pour rétablir le fameux Snyderverse et laisser le champ libre au réalisateur pour mener sa vision à terme.
Il y aurait beaucoup à dire tant le film est dense et réussi en de nombreux points, en particulier dans le fait d’avoir réussi à faire oublier l’abomination de 2017 (on ne s’est toujours pas remis de cette moustache effacée numériquement). D’avoir redonné une vraie dynamique visuelle à Aquaman et Wonder Woman. Quelques menus détails viennent pourtant empêcher la perfection d’être atteinte. Outre le format qui rend le film peu accessible à tous, les effets spéciaux sont très déséquilibrés, certes la situation sanitaire mondiale a forcé les équipes à revoir leur façon de travailler, mais quand on voit la qualité de l’amure de Steppenwolf par exemple, et qu’on voit Lex Luthor dans le liquide du vaisseau de Superman, on se demande vraiment si l’ensemble du staff était animé de la même volonté. Le format 4:3, qui sans gêner la lecture du film, rétrécit le champ de vision pour un rendu moins agréable. La bande-son est également travaillée de manière assez inégale sans pour autant ternir l’aspect épique de l’ensemble. Des défauts relevés pour chipoter, et il y en a surement quelques autres, mais il faut vraiment être blasé de tout pour ne pas prendre son pied devant un tel spectacle. 4 h de comics portés à l’écran, avec virtuosité et justesse. 4 h qui défilent trop vite, tant on voudrait rester dans cet univers plus longtemps.
Une œuvre hors-norme, trop grande pour les codes cinématographiques standards, qui perdra probablement certains spectateurs en cours de route, mais qui comblera les attentes des fans du genre et du réalisateur et leur en donnera même plus que ce qu’ils espéraient. Mon cœur de geek, nourri aux superhéros depuis toujours lance un immense merci à Zack Snyder pour avoir su porter à l’écran ce qui se déroulait dans ma tête lors de la lecture de mes comics, toutes écuries confondues. Il a réussi à retranscrire parfaitement l’aspect quasi divin de ces personnages. Quelle époque bénit pour être un geek…