Le long-métrage Everest du réalisateur Islandais Baltasar Kormakur est un film d’aventure sorti au cinéma pendant l’année 2015. Elle racontait l’ascension désastreuse du 10 et 11 Mai 1996 par un groupe d’alpinistes sur l’Everest qui aura causé la mort de huit personnes en seulement un jour. Le film, tiré des mémoires de Beck Weathers, l’un des clients miraculé de cette ascension et du livre de Jon Krakauer, Tragédie à l’Everest (1997), retrace le parcours de ces quinze disparus au travers de leurs agences respectives d’expéditions en haute montagne et notamment de deux protagonistes, Rob Hall pour Adventure Consultants et Scott Fisher pour Mountain Madness. Derrière toute l’histoire d’aventure qui est arboré dans Everest, Kormakur signe surtout une oeuvre glaciale, violente, qui prend aux tripes, pour nous montrer le funeste destin de ces différentes personnes car, mine de rien, leurs histoires se sont un peu volatilisées avec le temps (cela fait maintenant 24 ans que la tragédie a eu lieu).
Le film suit Rob Hall et Scott Fisher, qui constituent leurs groupes d’expéditions respectifs pour l’Ascension de l’Everest en 1996, tandis que leurs deux sociétés sont pérennes depuis un moment déjà (à savoir Adventure Consultants et Mountain Madness). Parmi ces grimpeurs de l’extrême, on retrouve donc les deux guides chevronnés (Rob Hall a notamment grimpé l’Everest en 1992,1993 et 1994 ainsi que le K2 et Fisher a pu conquérir la façade du Lhotse (8516m) mais aussi le K2 (8611m). Rob Hall avait comme clients cette année-là les Américains Beck Weathers et Doug Hansen ou encore la Japonaise Yasuko Namba.
Durant le mois de Mai 1996, c’est environ 500 personnes, réparties sur les deux façades du sommet, qui tenteront l’ascension de l’Everest. Cela fait beaucoup de monde, et c’est un souci que chargera bien de mettre en exergue Baltasar Kormakur au sein du long-métrage puisque Rob Hall fera assez souvent part à son homologue Scott Fisher de sa colère de voir que l’Everest est devenu à ce point une destination touristique. Face aux bouchons engendrés par le nombre exponentiels de touristes (et notamment sur le Ressaut Hillary, un peu au-dessus des 8000m soit, ce qui est qualifié par Rob Hall, la « zone de la mort »), Hall et Fisher décident de faire expédition commune pour tenter d’arriver au sommet et redescendre avant de possibles intempéries.
C’est ce qu’ils parviennent à faire le 10 Mai 1996 entre 13h et 15h45 mais traînent énormément, une faute qui sera imputée à « l’amateurisme » des alpinistes qu’ils auront sous leur tutelle.
Doug Hansen peine véritablement à atteindre le sommet et Rob choisit de rester avec lui. Hansen finit par mourir et Rob Hall se retrouve piégé dans la tempête de neige. Il parvient à communiquer avec sa femme par radio avant de périr dans la montagne. Un autre alpiniste de l’expédition d’Adventure Consultants, Andy Harris, meurt lui-aussi en tentant de secourir Rob Hall.
De l’autre côté, Scott Fisher et le guide Kazakh Anatoli Boukreev entreprennent une descente périlleuse pour redescendre du sommet au camp 4 (8000m). En chemin, plusieurs membres de l’expédition seront incapables de descendre et c’est Boukreev, en solitaire, qui essaiera d’aller chercher un à un ceux qui sont restés égarés. Ce dernier parviendra à ramener tout le monde hormis deux personnes, Yasuko Namba (qui fera partie des victimes) et Beck Weathers, qui se réveillera miraculeusement avec plusieurs membres gelés et réussira à rejoindre ses compères d’escalade. Concernant Scott Fisher, il sera resté entre le sommet et le camp 4, violemment terrassé par un mal aigu des montagnes. Boukreev aura essayé de l’atteindre à de multiples reprises mais sans succès.
Parmi toute la troupe, il y avait le journaliste Jon Krakauer, qui devait à l’origine rester au camp de base pour préparer un papier sur la commercialisation des expéditions de l’Everest, mais qui aura au final choisi de se rendre lui-aussi au sommet.
Il est bon à notifier que le bilan désastreux de cette expédition aura entraîné de nombreuses controverses, qui auront directement fait suite à l’ouvrage de Jon Krakauer. Le journaliste aura notamment accusé Anatoli Boukreev d’être descendu avant les clients de Mountain Madness sans leur prêter attention mais ce dernier, dans son ouvrage The Climb, aura expliqué qu’il était redescendu pour préparer ses multiples expéditions en solitaire pour sauver celles et ceux qui étaient restés bloqués plus haut que lui, toujours au niveau du Ressaut Hillary et vers les abords du sommet.
Galen Rowell, un autre alpiniste, déclara notamment que Krakauer dormait pendant le sauvetage des autres personnes qu’avait pu entreprendre Boukreev mais là encore, on ne saura pas ce qui s’est exactement passé.
Dans le long-métrage, Kormakùr aura plutôt bien retranscrit toutes les particularités de l’histoire, nées du témoignage de Weathers ou du livre de Krakauer. Des motivations intrinsèquement liées aux protagonistes (et notamment du très long combat de Doug Hansen pour pouvoir se payer à nouveau une ascension de l’Everest) au professionnalisme hors normes de Rob Hall, que Krakauer aura aussi souligné, le film prend le temps de détailler avec justesse l’histoire. Seul les aléas historiques de ce qui s’est déroulé sur place le Jour J ne pourront pas être connus. Nul doute toutefois qu’il faut comprendre que le réalisateur Islandais a plutôt adopté le point de vue des événements de Weathers et non de Krakauer puisque Boukreev y est montré (et à juste titre) comme un héros.
Cette ascension mortuaire de 1996 aura sans doute soulevé un problème plus que capital qui aura été changé par les entreprises d’expéditions à l’avenir : l’ultra-commercialisation des montées de l’Everest. En tout cas, le film de Kormakùr reste à voir pour découvrir tout ce versant-là de l’histoire de la plus grande montagne de la planète !