★★★★☆
Et bien voilà, il est enfin là. Le mastodonte de Christopher Nolan arrive le 26 Août dans nos salles obscures. Et nous avons eu l’occasion de le voir en avant-première exceptionnelle dans une salle équipée de la technologie 4DX. Aux yeux d’énormément de monde, Tenet est censé faire redémarrer l’industrie du cinéma en France (Rappelons qu’il y a aussi énormément de films à voir à côté !). Au final, que vaut l’écrasant long-métrage de Christopher Nolan ?
Une énorme claque technique
Christopher Nolan est, de toute façon, un habitué en ce qui concerne la réussite technique. Tenet est un long-métrage extrêmement bien abouti visuellement parlant, avec un véritable travail d’orfèvre sur l’image, sur la façon de filmer les plans d’ensemble, les scènes de combats, les poursuites… Tout le mécanisme visuel du film est bien huilé, les plans inversés fonctionnent à merveille et l’interaction entre les deux cheminements de l’action marche bien.
Tenet parvient à mettre au diapason toutes ses prises de vues pour nous scotcher pendant 2h40 dans nos fauteuils. Seul hic, l’alternance des scènes de combats et des séquences de discussions s’enchevêtrent pas forcément correctement. Nolan essaie de nous bourrer le crâne avec des justifications complètement dingues de son concept. C’est la le problème majeur du film, le concept très « science-fiction réaliste » de Tenet est crédible mais manque d’étayage clair et précis pour des néophytes de la physique quantique et du langage propre aux déplacements dans l’espace temps.
Pour en revenir au côté visuel du film, Tenet est certainement l’oeuvre la plus aboutie visuellement de Christopher Nolan. Le cinéaste parvient à nous offrir des moments de densité dramaturgique vraiment exceptionnels. L’ouverture dans l’opéra, la bagarre inversée entre John David Washington et un mercenaire masqué, la poursuite en voiture, toute la séquence de fin... La musique et le travail de réalisation de Nolan parvient à suspendre dans le temps notre visionnage, où l’on en arrive presque à contempler chacune des images.
Tenet est clairement pensé pour le cinéma. Nolan s’est battu pour que le film ne connaisse pas un destin à la Mulan et c’est tant mieux. La multiplicité des technologies permettant un renforcement de la qualité de l’image et de l’immersion du spectateur (salles ICE, IMAX, 4DX) seront nécessaires pour faire de Tenet une oeuvre à ne pas manquer pour revenir au cinéma (et si ça peut vous permettre d’aller soutenir d’autres films aussi pourquoi pas !)
L’écriture du film reste un problème
SI techniquement le film est irréprochable, au niveau du scénario ça se complique. Très fourre-tout, les dialogues ne peuvent s’empêcher de justifier pendant toute la durée du long-métrage le concept, quitte à lasser. Il y a de bonnes choses, notamment un protagoniste très « miroir » du spectateur, quelques bons retournements de situations, mais on sent le tout assez hasardeux et le film semble partir dans plusieurs directions. Il faut vraiment voir plus d’une fois Tenet pour en saisir tous les enjeux. Comme annoncé plus haut, on ne comprends pas vraiment la façon dont le thème central prends racine puisque Nolan semble mélanger plusieurs types d’inversions et peut laisser certains spectateurs sur le carreau.
Nous nous sommes légèrement égaré dans la critique, mais critiquer Tenet sans en dévoiler, c’est assez difficile. L’histoire alambiquée peut vous rebuter, mais les énormes qualités visuelles du film pourront vous convaincre sans difficulté de vous laisser transporter dans ces séquences d’actions impressionnantes. Les 2h40 passent à une vitesse folle.
Un casting qui fait le job
Le long-métrage est bien servi par une pléiade d’acteurs au sommet de leurs formes. John David Washington est crédible et charismatique. Comme annoncé, il est comme un duplicata du spectateur qui se retrouve projeté dans cette histoire d’espionnage. Dans les interactions avec les personnages secondaires, on a l’impression que l’histoire s’adresse directement à nous et nous prends rapidement à témoin.
Robert Pattinson cabotine avec qualité, Elizabeth Debicki crève l’écran mais Kenneth Brannagh est une déception. L’acteur / réalisateur campe un méchant Russe assez archétypal, qui fait perdre la densité dramatique du récit, la faute à un retournement de situation qui dessert les enjeux initiaux du film.
Encore une fois, Christopher Nolan livre une œuvre stupéfiante. Au-delà du film, Tenet est une incroyable prouesse visuelle malheureusement desservie par un scénario bien trop borderline pour asseoir une suprématie totale sur cette année 2020 en cinéma.