Pour son premier épisode la série produite par Jordan Peele et diffusée par HBO met tout en oeuvre pour donner aux spectateurs une série mémorable. Les amateurs du genre seront aux anges.Ici, tout est soigné dans le fond comme dans la forme et l’art du récit se superpose à une réalisation sobre mais intelligente en parfaite adéquation avec l’époque où se déroule l’action.
Dès les premières seconde ce pilote ne fait pas dans la demie mesure et nous gratifie d’un spectacle mélangeant les univers de Lovecraft, H.G. Wells et Edgar Rice Burroughs, rien que ça. Un festin visuel ou ce croise les Walkers de La guerre des mondes, Dejah Thoris la princesse martienne de John Carter, et une créature dont l’apparence rappelle en tout point l’entité cosmique Cthulhu. Dès l’introduction le show tape fort et juste en rassurant le spectateur. Car même si le récit est ancré dans une Amérique ségrégationniste amèrement réaliste, ce premier épisode distille intelligemment de nombreux clins d’oeils et références des oeuvres dont le roman de base, écrit par Matt Ruff, s’inspire.
Si la narration, la réalisation et le jeu des acteurs réussissent un quasi sans fautes, les effets spéciaux tiennent le haut du pavé et promettent une saison démentielle si le show continu sur cette lancée. Les créatures sont superbes et dévoilées dans leur intégralité. Loin des timides monstres « à la Cloverfield » qui nous faisaient languir de longs moments pour entrapercevoir l’ombre de la moitié d’un tentacule, les créatures apparaissent en pleine lumière et assurent un spectacle qui ne laisse pas sur sa faim.
Le cast est investi et efficace et chacun campe son rôle à la perfection, avec une mention spéciale pour Jurnee Smollett-Bell qui interprète Letitia, une femme noire indépendante et forte confrontée au racisme primaire ambiant et au machisme condescendant de sa propre communauté.
Vous l’aurez compris, Lovecraft Country est une série à ne pas manquer. Une ambiance lourde qui fait tristement écho aux événements liés au mouvement Black Lives Matter, à laquelle se superpose un climat SF horrifique tenu de main de maitre par des showrunners que l’on sent impliqués de bout en bout. Une réussite totale pour cette entrée en matière qui associe intelligemment le manifeste pour la cause afro-américaine au récit de science-fiction mature et cohérent, en parvenant à transposer à l’écran les éléments d’un univers qui a toujours été difficilement adaptable.