Le nom « Ray Harryhausen » ne vous dit peut-être rien, mais ce concepteur d’effets spéciaux a durablement marqué l’histoire du cinéma. Né le 29 Juin 2020 et mort le 7 Mai 2013, Ray Harryhausen a travaillé toute sa vie dans l’ombre en tant que responsable des effets spéciaux sur différents longs-métrages. C’est les trucages du film « King Kong » de 1933 qui scellent l’avenir d’Harryhausen. L’aspirant spécialiste des effets visuels souhaite lui aussi effectuer plus tard ses propres trucages, de la manière la plus réaliste possible.
Le personnage du Gorille dans King Kong, réalisé par Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack, est un Animatronic géant animé grâce à la technique du stop-motion. Ce sont ces techniques d’effet visuel révolutionnaires qui inspireront Ray Harryhausen dans la suite de sa carrière.
Dès 1947, Willis O’Brien, ancien directeur des effets spéciaux pour le film « King Kong » engage officiellement Harryhausen pour le film Monsieur Joe où il se voit responsable de l’animation en effets visuels d’un gorille. La qualité du travail d’animation du personnage et la gestion du volume de ce dernier permettront à Harryhausen de s’ouvrir des portes vers des projets plus personnels et plus ambitieux.
En 1953, Harryhausen signe les effets spéciaux du film Le Monstre des Temps Perdus d’Eugène Lourié. Harryhausen y poursuit son travail d’intégration d’éléments animés image par image avec des plans d’acteurs positionnés dans des décors réels. La maîtrise de ce long-métrage et de ces effets spéciaux propulsera le nouveau créateur d’effets spéciaux vers une belle renommée.
En 1955, Harryhausen rencontre Charles H.Schneer avec qui il va collaborer pendant 25 ans. Durant cette période, il va contribuer à populariser de nombreux films devenus cultes. Cette collaboration avec Schneer va lui permettre de développer et d’améliorer ses techniques d’animation et d’incrustation des miniatures avec des prises de vue en action réelle. Il utilisera aussi des Animatronics et jouera souvent sur une utilisation accrue du maquillage pour crédibiliser ses créatures à l’écran.
Schneer et Harryhausen, couverts de succès, poursuivent leur conquête du genre fantastique avec Jason et les Argonautes (1963), Les Premiers Hommes dans la Lune (1964) ou encore La Vallée de Gwangi (1969). Mais c’est en 1981 avec Le Choc des Titans de Desmond Davis, où tout le talent complet d’Harryhausen, au travers des effets spéciaux réussis des monstres qui ornent le long-métrage, sera reconnu aux yeux de tous.
Le travail de Ray Harryhausen ne se résume pas à la gestion de l’animation en volume puisqu’il travaille aussi autour de l’intégration d’images animées sur des prises de vue réelle.
La technique traditionnelle utilisée jusqu’alors consistait à filmer la miniature devant une rétro-projection de la prise de vue réelle permettant d’incruster la miniature sur un plan prédéfini de l’action (Je veux un arbre qui bouge, je le fais apparaître en arrière-plan) au contraire de l’apparition d’un monstre ou d’un personnage fantastique qui doit interagir directement avec un des personnages principaux au premier plan. Ce procédé permet aussi d’ajuster la taille et la position de la figure animée. Au niveau des autres techniques utilisées, Harryhausen est aussi un fervent défenseur de la surimpression (déjà utilisée par Georges Méliès).
Ray Harryhausen conserve une cote de popularité impressionnante dans le cinéma d’aujourd’hui. Bon nombre de réalisateurs et de professionnels des effets spéciaux déclarent être inspirés du concepteur de par son professionnalisme de l’époque ayant donné un allant plus crédible au cinéma Fantastique. L’animation en stop-motion proposée par les studios Aardman (Chicken Run, Wallace et Gromit, Shaun le mouton) est directement inspirée des techniques de Ray Harryhausen.
Des longs-métrages plus récents ont aussi rendu hommage à la carrière du concepteur d’effets spéciaux. Les Noces Funèbres de Tim Burton et le film Monstres & Compagnie ont notamment effectué un clin d’œil à Ray Harryhausen. Quant à Guillermo Del Toro, il a dédié son film Pacific Rim (2013) à cet immense pilier des effets spéciaux du cinéma mondial.
Ray Harryhausen a donc marqué l’histoire du cinéma. Ses procédés techniques de l’époque, toujours d’actualité aujourd’hui, restent intemporels.