Porté par la hype des critiques presses et le passif de son réalisateur, la Forme de l’eau n’est pas aussi enchanteur et renversant que ça…
À la lecture de ces mots, on sent déjà les visages se renfrogner et les sourcils se froncer, comme souvent lorsque l’on critique négativement une « œuvre » de Guillermo Del Toro.
Depuis le début de sa carrière, le réalisateur mexicain a su insuffler à ses films une sorte de poésie horrifique esthétiquement aboutie. Au même titre qu’un Tim Burton des grands soirs, ses films enchantent autant qu’ils mettent mal à l’aise. La Forme de l’eau ne déroge pas à cette règle. Le film est magnifique visuellement, les effets et maquillages sont saisissants et les acteurs irréprochables. Que peut-on demander de plus ? De la prise de risque de la part de celui qui sait mélanger l’horreur et le romantisme avec efficacité. Il nous sert ici une histoire d’amour improbable et ultra téléphonée.
Dans sa zone de confort, Del Toro nous emmène sur des sentiers déjà arpentés donnant à l’ensemble un air de déjà-vu général qui plombe littéralement la magie du film. Ajouté à cela, un sentiment de frustration se dégage de la créature aquatique. Chacune de ses apparitions, certes techniquement parfaites, on néanmoins le gout amer de n’avoir pas pu porter à l’écran les origines d’Abe Sapien, l’acolyte amphibie d’Hellboy, et de terminer la saga qu’il avait commencé en 2004. « J’ai pas les droits ? m’en fous, je vais modifier 2-3 détails et faire quand même, na ! » sous cet angle, le film ressemble plus à un caprice du réalisateur, malgré le fait qu’il se défende d’avoir calqué son monstre sur celui de l’univers de Mike Mignola.
Techniquement parfait et doté d’un cast qui interprètent à merveille leurs rôles respectifs. Mention spéciale à Michael Shannon qui joue, encore une fois, l’ordure avec un naturel déconcertant. Une fois de plus, son personnage, bien que bien interprété, rappelle le personnage joué par Sergi Lopez dans Le Labyrinthe De Pan. Le film, divertissant sans être révolutionnaire, reste un peu décevant de la part d’un cinéaste, au style parfois expérimental, qui semble ici se reposer sur sa réputation et nous propose un tour de train fantôme sans grande originalité.
Loin d’être mauvais, ce n’est pas le chef-d’œuvre absolu que l’on nous vend à longueur de promo. À recommander aux fans inconditionnels du réalisateur qui sauront certainement faire abstraction des travers du film, insidieusement camouflés derrière le vernis d’une esthétique sans fausse note et d’un romantisme crédible malgré son aspect contre nature. Un hymne à la tolérance ronflant, qui charme par sa forme, mais déçoit par son manque d’originalité.
Avez-vous été séduit par la forme de l’eau ? Laissez votre avis en commentaire, sans haine ni violence. 😉