Kenneth Branagh est un homme aux multipolarités saisissantes. Acteur (Gilderoy Lockhart dans Harry Potter 2, Wild Wild West, Dunkerque…), Réalisateur (Thor, Le crime de l’orient express, Cendrillon, The Ryan Initiative) et Producteur (Avengers, Thor 2), il multiplie les casquettes différentes au sein d’Hollywood ce qui fait de lui un très grand monsieur du cinéma. Il revient en ouvrant un carcan cinématographique autour des livres d’Agatha Christie qui racontent les aventures du célèbre Hercule Poirot. « Le crime de l’orient express » financièrement, à coûté la modeste somme de 55 millions de dollars et en a amassé 281 millions pour le moment autour du globe ce qui en fait un excellent succès commercial. Mais que vaut le film d’un point de vue purement critique ?
Le film est, dans son entièreté, très positif. On sent Branagh habité par l’univers des bouquins éponymes de Christie tant la maestria du film se situe au niveau de sa scénographie et de son sens de la mise en scène. Branagh, avec Condon, est l’un des étalons du genre. Il se veut généreux avec son spectateur en dynamisant son enquête supposément lente par plusieurs plans transformant le récit en un Cluedo grandeur nature. Longs plans-séquences qui déambulent dans le train, plans vus de haut, cadres subjectifs… Branagh concilie manipulation visuelle beauté des plans. Elle impacte son spectateur en même temps que la narration touffue se décante, permettant de nous immerger dans l’enquête. Malgré un début un peu poussif, l’entrée de la narration dans le train permet de recentrer l’intérêt dans un espace drastiquement resserré, offrant à Branagh l’entière responsabilité de développer à sa guise les personnages.
Le scénario est savoureux, dense et pourvu de jeux de mots délicieux. C’est Michael Green (Logan, Alien Covenant, Blade Runner 2049) qui en est l’auteur, inspiré du roman initial d’Agatha Christie. Il évite les écueils désinvoltes du dernier volet de la saga de SF horrifique de Ridley Scott, articulant des jeux de mots et des punchlines marquantes pendant toute la continuité de l’histoire :
– Monsieur Achille Poirot !
– Non, moi c’est Hercule, je n’ai pas de problème de talon je vous remercie.