Critiques

LE FIDÈLE – LA CRITIQUE

Film noir, mélodrame, polar et authenticité

LE FIDÈLE – LA CRITIQUE

Pour son troisième long-métrage, le réalisateur belge Michaël R. Roskam retrouve son acteur fétiche, Matthias Schoenaerts (De rouille et d’os, Blood Ties, The Danish Girl) qui était la tête d’affiche de Bullhead et l’antagoniste de Quand vient la nuit. À cette occasion, le réalisateur a fait appel à Adèle Exarchopoulos (La vie d’Adèle, Éperdument) afin de former avec Schoenaerts le couple du film. Notre verdict.

Le Fidèle s’ouvre sur un flashback brut et efficace, nous rappelant l’excellent Bullhead. Dès cette ouverture, nous ne pouvons qu’apprécier la réalisation toujours plus authentique de Roskam. Dans la seconde scène, retour au présent, où l’on assiste à la rencontre de Gino (Schoenaerts), travaillant soi-disant dans l’import-export automobile, et Bénédicte (Exarchopoulos), pilote de course. Saluons d’emblée l’idée ingénieuse d’avoir créé un personnage féminin pratiquant ce genre de sport, cela change des rôles généralement proposés aux comédiennes. Comme le montre la bande-annonce, on s’attend à passer 2 heures plutôt agréables devant ce film qui se présente comme une petite tranche de vie sur fond de polar et de romance. Erreur, et grosse surprise. Le film est bien plus profond et ambitieux que cela. Il est en réalité une fresque en trois chapitres, mêlant habilement polar, mélodrame, film noir et tragédie, menée avec talent par ce couple incandescent.

Tout dans ce film est travaillé. Les seconds rôles sont efficaces, tel Serge, ami d’enfance et collègue de braquo de Gino, interprété par Jean-Benoît Ugeux, ou encore Freddy, le père de Bénédicte, incarné par Eric de Staercke. L’excellente composition musicale de Raf Keunen, dont la puissante et magnifique mélodie est savourée par les oreilles attentives dès l’ouverture du film. Le scénario est une perle d’authenticité. Pour la première fois, Roskam a partagé l’écriture avec les scénaristes de Jacques Audiard (Un prophète, De rouille et d’os, Dhepaan), Thomas Bidegain et Noé Debré. Côté réalisation, Michaël R. Roskam, déjà talentueux, se surpasse en nous livrant une mise en scène parfaite pour un troisième film, que ce soit pour les scènes de braquages, de courses automobiles ou les scènes dramatiques. Mention spéciale à la scène du second braquage et à la conclusion, réalisées en plan-séquence. Roskam est-il destiné à devenir un Nicolas Winding Refn belge ? L’avenir nous le dira. Sa troisième collaboration avec Nicolas Karakatsanis, directeur de la photographie, est de loin sa meilleure. Nous n’avions pas vu une composition si travaillée dans le cinéma européen cette année. Leur alliance est à saluer. Couleurs, éclairages, ombres, reflets, tout est authentique. N’oublions pas l’étalonnage d’Olivier Ogneux qui sublime le tout. Le résultat de cette triple alliance fait du film un réel bijou cinématographique.

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Avec Michaël R. Roskam et les réalisateurs Felix Van Groeningen (Alabama Monroe, Belgica) et Robin Pront (Les Ardennes), l’avenir du cinéma belge s’annonce radieux et talentueux. À noter que Le Fidèle est présélectionné pour l’Oscar du meilleur film étranger en 2018. Malgré les 91 autres films en lice, espérons que Le Fidèle fasse partie des cinq films sélectionnés afin de concourir pour cette catégorie, à l’instar de Bullhead, le premier long-métrage de Roskam, et d’Alabama Monroe de Felix Van Groeningen.

En conclusion : Un scénario, une réalisation et une photographie authentiques, portées par les interprétations justes de Matthias Schoenaerts et Adèle Exarchopoulos, incarnant un couple dramatique, sexy, fragile et tragique.

8,5/10

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