Alors que James Wan a rendu au film d’horreur ses lettres de noblesse avec les Insidious et Conjuring, la folie de la série Stranger Things vient remettre sur le devant de la scène la douce saveur des années 80. Prenez une pincée des Goonies, une bonne dose de Stand By Me, un soupçon d’Insidious et laissez la Peur s’installer.
La ville de Derry abrite un mal insidieux. Ce mal vit dans les égouts, imprègne les habitants locaux et s’incarne parfois sous la forme d’un clown nommé Grippe-Sou. Ça apparaît tous les vingt-sept ans. Les premières victimes ? Les enfants. Qu’ils s’appellent Georgie Denbrough ou Betty Ripsom, ces enfants souffrent, chassés par cette créature innommable qui est bien plus qu’un clown.
Sept d’entre eux vont mener l’enquête en 1988 et surmonter leurs peurs, sept ratés formant un club de losers. Bill, le meneur, est bègue, Eddie est hypocondriaque, Richie est une grande gueule, Ben est gros, Stan est juif, Mike est le seul enfant noir de la ville et Beverley est jolie, ce qui rend hors d’elle les autres filles. Ces gamins n’auront alors de cesse, sous l’impulsion de Bill qui a perdu son petit frère, d’affronter la créature.
Ça est avant tout l’histoire de gamins confrontés au passage à l’âge adulte, à l’horreur qui peut régner dans les choses du quotidien et surtout au Grand Méchant Loup. Le fameux, le Croque-Mitaine, cet être malsain qui fait des enfants son mets de choix.
Mais pas que, en effet, le clown est bien présent et rassurez-vous, il vous fera stresser, vous sursauterez. Mais surtout, les adultes ne sont pas les alliés des gamins et c’est sans doute là tout le sel de l’impasse dans lequel est plongé ce club des ratés.
Les acteurs sont superbes et c’est encore plus étonnant parce que les personnages principaux sont des enfants. Ils jouent tous bien, vraiment, avec une mention pour Sophia Lillis qui nous campe une Beverley Marsh criante de justesse. On regrettera cependant un Henry Bowers un peu trop secondaire.
En ce qui concerne le clown, oubliez les fans-boys de Tim Curry qui vous crieront corps et âme que rien n’égalera jamais sa prestation. Bill Skarsgard est Ça, il l’incarne à la perfection, nous présentant une version sans doute moins fidèle à l’aspect charmeur du clown de Stephen King, mais bien plus dans l’ère du temps. Ça n’est pas un clown, c’est une créature qui ressemble à un clown. Une créature qui a faim, car alors qu’elle essaye de séduire Georgie caché dans les égouts, on ne peut s’empêcher de la voir baver à l’idée de manger le pauvre inconscient.
Malgré tout et cela pourra paraître étonnant, mais Ça n’est pas un film d’horreur. Ça est un film sur l’horreur, sur la Peur, avec cette volonté de donner une certaine poésie au macabre de la part de son réalisateur. Déjà à l’oeuvre sur le très efficace Mama, Andy (Andrés) Muschietti a cette fibre qu’on peut retrouver chez Guillermo del Toro. Bien entendu, certaines scènes vous mettront mal à l’aise et certains jumpscares un peu faciles vous feront bouger, mais là n’est pas le coeur du propos. Le but est de poser une ambiance, de montrer que ce n’est pas la créature en elle-même qui est l’obstacle, mais tout ce qu’il y a autour.
Ça est donc un très bon divertissement, un film d’épouvante à l’ancienne qui n’échappe pas aux clichés classiques. C’est dommageable surtout quand une bonne partie du film ressemble à une suite de petites scénettes à suspense. En effet, chaque personnage doit avoir droit à sa séquence un peu « spooky ». Cela dit, les deux heures de film passent vite et on se prend à plonger avec les enfants dans la moiteur de Derry.
Sans parler de coup de coeur, j’ai beaucoup apprécié le film. Certains seront déçus, parce que le film n’aura pas le même impact sur eux que le téléfilm à l’époque (sorti il y a vingt-sept ans, tiens, tiens). Inévitablement, ces mêmes personnes sont aujourd’hui des adultes. Passez ce film à des enfants d’une douzaine d’années et ils ne dormiront pas pendant des jours. Il faudrait pour cela être un adulte irresponsable. Comme à peu près la majorité de ceux qui peuplent le film.