Avec Valérian et la Cité des mille planètes, tu sais déjà que tu vas avoir affaire à un film qui va diviser, la faute au schisme radical entre les avis positifs et négatifs que provoque le nom « Besson » sur chacun de ces longs-métrages. Valérian est surtout, à n’en pas douter, le projet le plus ambitieux d’EuropaCorp, la société mère du réalisateur français (190 millions de dollars environ). La stratégie du studio semble bien coller, car, en proposant des projets plus modestes financièrement parlant (Lucy), EuropaCorp récupère des liquidités intéressantes pour monter de plus gros projets. Pour entrer dans le vif du sujet, je tiens à préciser que je ne connais pas l’univers des bandes dessinées de Christin et Mézières et que, du coup, je me baserais uniquement sur l’objet cinématographique proposé par Besson pour étayer mon jugement.
Valérian n’est pas honteux, loin de là, mais il n’est pas non plus exempt de tout reproche. En effet, le film est une colossale réussite visuelle. Besson semble bien magnifier ses décors et le design de ses créatures pour former un « tout » ultra-crédible à l’écran.
La scène d’introduction des créatures d’Alpha est formidable, avec notamment le « space oddity » de David Bowie en arrière-plan sonore. Besson réussit globalement bien ses 40 premières minutes où il parvient à créer un univers riche et novateur avec des créatures délurées qui popent de partout. On se prend au jeu et on se laisse bercer au rythme de ces découvertes. Valérian prend ici l’aspect d’un film contemplatif, celui d’introduire un univers au dépend d’un fil narratif défini.
Mais le réalisateur se perd dans un imbroglio total avec la deuxième partie du film. Il tente de proposer une intrigue ultra-convenue et peu crédible, qui fait perdre l’impact qu’il avait réussi à créer avec les 40 premières minutes. D’un univers étendu particulièrement riche, on passe à une enquête téléphonée et déjà grillée d’avance tellement le méchant nous est introduit avec d’énormes sabots.
Ce parti-pris opposé grille aussi certains carcans du récit qui auraient mérité d’être développés (L’espèce de Jabba le Hutt version Besson promet par exemple de retrouver et tuer Valérian, mais on n’a plus du tout la présence de cette menace dans la suite du film). Ensuite, le choix de pouvoir visiter dans ce désert une ville en réalité virtuelle est excellent, mais on n’a aucune explication quand à son emplacement réel, du coup on a le sentiment que toute cette scène dans le désert est fictive et sans intérêt pour poursuivre la narration.
L’heure et demie qui suit est tellement détachée du film en soit, Besson propose des tranches d’actions vraiment sympathiques, mais passe cruellement sous silence leurs densités dramatiques. Lors de la scène de combat chez des créatures pour sauver Laureline, Valérian créé un incident diplomatique au sein d’Alpha qui n’a non plus, aucune répercussion. Préoccupé par son fil rouge narratif convenu et capillotracté, Besson écrase des bribes de sous-intrigues qui auraient pu intelligemment introduire son Valérian 2.
Le scénario est donc le problème central du film. Besson est un bon réalisateur, mais pas un bon scénariste. En plus de ces incohérences et de ces problèmes de narration, il rend la relation entre Valérian et Laureline particulièrement mal écrite. Les dialogues foireux s’alignent et n’aident pas un Dane Dehaan particulièrement médiocre tandis que Cara Delevigne crève l’écran par son utilisation subtile et sarcastique de son jeu. Les autres acteurs souffrent de l’absence de considération qu’a le scénario de Besson à leur égard. Ethan Hawke ne sert à rien, Rihanna non plus, Clive Owen est ultra-stéréotypé et Alain Chabat à un look d’enfer, mais apparaît pendant 5 minutes.
C’est donc ça Valérian, une proposition de cinéma visuellement intéressante et novatrice sur quelques points, mais hachée par un scénario convenu, trop stéréotypé et particulièrement mal organisé. Dommage !