Bravo, c’est peut-être l’unique mot que l’on parviendra a soutirer de « La planète des singes Suprématie ». Après deux excellents premiers volets sortis en 2011 et en 2014, Matt Reeves signe une fin en apothéose. Il contourne aisément et subtilement le carcan abrupt de la guérilla simpliste Simio-humaine pour la détourner une nouvelle fois en guerre idéologique et de caractère où les poids importants des deux camps vont lutter pour imposer leur autorité, alors que le dénouement du conflit viendra de tout autre part. Reeves étonne encore une fois et parvient à nous montrer que cette trilogie de « La planète des Singes » est très certainement ce qui a été mieux réussi en termes de Blockbusters depuis Avatar.
La force principale de ce dernier opus, c’est sa force dramatique, ponctuée par des scènes incroyablement iconiques et touchantes. Par le biais de la bande-son de Giacchino, une véritable densité dramatique accompagne les protagonistes de « La planète des singes ». On est inéluctablement derrière César ainsi que Maurice, Rocket et Luca, les « chefs de guerre » de César qui ici, prennent une envergure plus grande.
On est transporté avec eux, on ne veut pas les voir mourir, tout comme la petite fille que ces derniers recueillent, campée par une excellente Amiah Miller qui n’a même pas besoin de parler pour transmettre toute l’émotion qu’elle emmagasine.
Parce que « Suprématie » étoffe et densifie ses personnages, pour leur offrir une personnalité efficace et vraiment touchante. L’iconisation des scènes est permanente, chaque plan est magnifié au possible pour rendre encore plus fou et encore plus tendu chacune des stases du récit. Le scénario est LE point fort du film. Il n’offre pas la place de l’antagoniste par défaut à Woody Harrelson (excellent d’ailleurs), justifiant aussi l’écriture de son personnage.
Le scénar’ apporte aussi des modifications quand à la grippe simienne, pour toujours rester cohérent avec ce qui a été énoncé avant. César, dans son écriture spectrale, est tourmenté par Koba, l’antagoniste du deuxième opus et là encore, ce qui est intéressant c’est de voir que des personnages si différents finissent par se ressembler. César, aveuglé par sa vengeance, n’est plus le singe protecteur des précédents opus.
« Suprématie » c’est avant tout la quête de rédemption de César. Une quête qui fait chassé-croisé avec celle du colonel sans-nom joué par Harrelson. Les deux se comprennent, se toisent, par le biais de puissantes scènes de confrontations qui impactent plus les esprits qu’un « boum boum » entre Spiderman et le Vautour.
Les thématiques exploitées sont aussi intelligentes. Certaines actions du colonel nous le font voir comme un nazi simiophobe et raciste. Pourtant, malgré sa démence, ses actions sont justifiées uniquement pour sauver la race humaine. « Suprématie » apporte aussi un vrai message d’espoir aux personnes dans une situation de handicap particulière. Puisque la protagoniste touchée par ce handicap parvient à véhiculer des kilomètres carrés d’émotion, faisant l’intermède pour réconcilier humaines et singes, chose qu’elle ne pourra néanmoins pas réussir. Elle endosse le rôle de la porteuse d’espoir, malgré son difficile handicap.
On ne peut pas détailler plus ce dernier opus de la planète des singes. Si vous êtes fan des deux premiers, foncez voir le troisième. Matt Reeves prouve encore une fois que c’est bien son film qui est le porte-étendard des blockbusters matures et efficaces d’Hollywood et qui a repris le flambeau laissé par Avatar en attendant le retour de James Cameron avec la suite de son univers. Le rendez-vous final est pour le 2 Août, et il ne faut pas le rater !