Cette version est 100% MCU, et c’est peut-être bien là son plus grand défaut. À vouloir reformuler les personnages pour les insérer dans un tout, Marvel se prend les pieds dans le tapis et peine à faire décoller le monte-en-l’air malgré de solides éléments.
N’EST PAS SPIDEY QUI VEUT…
Bien qu’il soit tentant de vouloir comparer les différentes versions de Spiderman au cinéma, cette nouvelle mouture ne donne que très peu d’éléments de comparaison avec la trilogie de Sam Raimi qui offrait une vision classique du personnage de Parker/Spidey , ni même avec le reboot « Amazing » de Marc Webb, qui lorgnait plus vers une version actualisée du personnage.
C’est donc un Parker/Spidey quasi inédit que le MCU nous propose. Si les causes de ses pouvoirs et le passé de tante May (la mort d’oncle Ben ?) sont à peine effleurés, c’est bien pour mettre en avant le côté « Avengers en stage » de Spiderman.
Bien que les noms et les grandes lignes narratives du héros soient respectés, l’entourage de Parker subit de nombreux remaniements pas toujours très heureux. La cure de jouvence de tante May, incarnée par Marisa Tomey, est le parfait exemple de ce qui peut nuire à un personnage secondaire canonique. Devenue une Milf qui s’ignore, Marvel tourne en dérision une figure maternelle attachante pour en faire un banal ressort comique supplémentaire.
SPIDER-BOULET CONTRE LE VAUTOUR
Pour ce qui est de l’humour, ça ne vole pas haut non plus, et l’ambiance teen-movie assomme plus qu’elle ne renforce la sympathie autour de Parker et de son groupe de potes. Tout est édulcoré et dosé de façon à plaire au plus grand nombre sans chercher à rendre le personnage héroïque, ni même attachant.
On se retrouve alors avec un Spiderman plus boulet que héros qui ne se décolle jamais vraiment de cette image. À l’inverse, le Vautour, impeccable Michael Keaton, et le Shocker ont le droit à un lifting salvateur qui vaut à lui seul le détour. Le personnage du Scorpion est lui aussi assez bien (indirectement) présenté. En dépoussiérant ainsi des personnages tombés en désuétude, la galerie de vilains de Spiderman trouve la touche badass qui équilibre l’intérêt global que suscite le film. Un méchant que cette version de Spidey ne mérite pas…
UN HÉROS PAS AU NIVEAU
Il faut bien l’avouer, ce Homecoming manque cruellement de punch. Pas de scènes épiques ni d’effets réellement spectaculaires, un charisme proche de zéro, et une narration bien trop lente lèsent le film et l’empêchent de trouver un vrai rythme. Ajoutons à cela les interventions « gaguesques » de Stark et Happy à répétition, et on obtient un résultat moyen, bancal, et un héros sans envergure, ce qui est tout de même un comble pour Spiderman.
À trop vouloir maintenir le cap de l’humour à tout va, Marvel oublie parfois que trop de liberté nuit. L’exercice de la reformulation est simplifié sur des personnages comme les gardiens de la galaxie ou Deadpool, tant ils sont assez peu connus du grand public pour les uns et offrent une liberté d’action très large pour l’autre. Il devient beaucoup plus périlleux sur des gros personnages comme Spidey, avec un passé connu et émotionnellement efficace.
RAPPORT DE STAGE
En forçant le récit à se raccrocher à la trame narrative des Avengers, le personnage perd son essence et du même coup son intérêt. Surtout quand le costume et les gadgets se tapent le gros du travail. Même les aptitudes arachnoïdes sont mal exploitées et sont remplacées par une démonstration de ce que Tony Stark ( encore lui…) sait faire d’autres comme gadgets, reléguant le spectaculaire Spiderman à un vulgaire homme sandwich au service de Stark industries. Sans être une catastrophe, ce Homecoming s’avère assez décevant. Sauvé du naufrage par quelques très bons éléments disséminés ici et là. Le film est loin d’être un Spiderman convaincant, mais plutôt un spin off des Avengers dispensables. À voir, mais pas à retenir.