K.O est un film français qui repose sur un pitch de départ plutôt tourné vers le genre fantastique. Pourtant, par une atmosphère anxiogène et étouffante à souhait, c’est un film qui se veut surtout Thriller. Fabrice Gobert parvient à créer un objet filmique tellement puissant que l’on ressortira de la séance avec le même vécu que le personne d’Antoine Lecomte le personnage principal : celui d’avoir disparu dans un espace-temps aléatoire pendant un peu plus d’une heure et demie où le pan dramatique à clefs de lecture multiples du film s’est dressé devant nous pour nous aiguiller, nous angoisser et nous tromper.
K.O est un film réussi grâce à son scénario qui se marie bien avec ce que l’on voit à l’écran. Si le pitch de départ est en effet loin d’être novateur, Gobert parvient à distiller des indices incisifs et intelligents sur ce qui arrive à Antoine, nous faisant directement asseoir entre trois chaises en proposant directement trois alternatives rationnelles quant au destin du personnage. Mais K.O ne vend jamais la peau de l’ours avant de l’avoir tué, car il poussera jusqu’au bout les multiples possibilités de sorties de la narration vers un retour à la normale, quitte à nous empêtrer dans des hypothèses complètement différentes. Mais là où le film semble encore plus fort, c’est qu’après l’élément de résolution finale, les dernières secondes du métrage vont insérer un nouveau un paroxysme sidérant au sein de ce mystère général, bouleversant complètement nos points de vue précédemment édifiés.
Les dialogues entre les protagonistes sont faits pour toujours conduire Antoine en situation d’échec. Même ses plus proches alliés deviennent muets ou évasifs quant à sa situation. On se mélange les pinceaux quant à la véracité des événements ce qui nous implique de plein fouet dans le film. Par ce fait, le personnage est en constante progression et ce parcours énigmatique l’amène à voir et penser les choses autrement. Ce scénario impeccable se marie à merveille avec la réalisation. Gobert joue en effet avec des symboles parlant et très évocateurs. Il joue notamment avec le miroir de chez Antoine à plusieurs reprises, pour mettre sur un promontoire la fracture du personnage, ballotté entre réalité et illusion. Le même jeu se fait avec d’autres personnages comme celui de sa femme qui est aussi présenté devant le miroir pour nous supposer le lien réel de leur amour. K.O n’est pourvu que de ce genre de subtilités. Accompagnée d’une musique entraînante, la narration se calque sur une réalisation qui transmet une ambiance presque hallucinogène. On a le sentiment que le personnage d’Antoine est persécuté de manière permanente.
Laurent Laffite transporte et domine le film à bout de bras. Charismatique et crédible, il parvient à densifier le sérieux du film, donnant une certaine véracité aux événements. Les acteurs secondaires comme Pio Marmaï ou Clotilde Hesme ont tous un rôle important à jouer dans la narration. Certains nous amènent sur de fausses pistes (Pio Marmaï), d’autres se montrent plus énigmatiques. On est autant perdu qu’eux pour certains.
C’est surtout pour la révélation finale qu’il faut rester accroché à son siège jusqu’à la fin. Si on nous laisse présager un dénouement classique et stéréotypé, Gobert désamorce toutes ces théories dans les dernières secondes du film. ET NUL BESOIN D’IMAGE POUR Y ARRIVER !
Ainsi, K.O est un film psychologique Français très puissant. Il arrive toujours à créer des surprises pour ne jamais laisser son spectateur dans l’ennui grâce à un savoureux mélange scénario/réalisation des plus maîtrisé et réussi.