La mise à l’écart de son projet autour de la licence Alien ayant été torpillée, Neil Blomkamp a tout simplement décidé de la jouer en solo et de monter son propre studio de production.
Redoutant de voir son style revu et corrigé à la sauce hollywoodienne, Blomkamp échafaude une sorte de bras d’honneur aux grands studios de production sous la forme de « OATS STUDIOS ». Ce projet apparait comme une émancipation des majors américains et de leurs standards.
Expérimentale et novatrice, cette nouvelle structure proposera des courts métrages expérimentaux, disponibles sur YouTube et steam. Sur le long terme Blomkamp, souhaite donner aux spectateurs la possibilité de voir l’oeuvre dans son absolue intégralité, moyennant un prix encore inconnu. Des rushs aux voix off, en passant par les fichiers 3D et images brutes, permettant au public de refaire le montage, le mix, et de changer les éléments à volonté. L’aspect ludique et participatif en fait réellement un projet à part, et montre le souffle novateur que souhaite apporter Blomkamp à la réalisation en général et à la SF en particulier.
Certainement déçu, comme de nombreux fans, de ne pas avoir pu mener le projet Alien à terme Blomkamp nous dévoile, avec un court métrage promotionnel de 20 minutes intitulé RAKKA, ce dont les OATS STUDIOS sont capables. Sa violence crue est à déconseiller aux plus jeunes spectateurs.
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Dès les premières secondes, le style de Blomkamp transpire à l’écran. S’inspirant directement des univers établis dans ses précédents films, il recycle intelligemment les références de son univers post-apocalyptique étouffant et sans espoir. Le spectateur se trouve alors dans un monde nouveau, car la menace du court métrage est globale, mais également familière par son traitement visuel. Les créatures rappellent les fameuses « crevettes » de District 9. La biomécanique, déjà explorée dans Elisyum est poussée un cran plus haut.
De même que l’efficacité visuelle de son arsenal, aussi dévastateur que le légendaire « Chemrail gun ». Les armes Aliens ne laissent aucune chance de survie à la cible. Chappie est quant à lui rappelé par la présence de Sigourney Weaver, Badass à souhait en meneuse de la résistance, c’est toujours un plaisir de voir l’actrice fighter du monstre de l’espace. RAKKA ressemble donc, sous sa forme actuelle, plus à un condensé de ce que sait faire le mieux le réalisateur, sans le soutien financier des grosses maisons de production.
Un spot publicitaire réussi pour la naissance du studio. Même s’il peut sembler curieux de voir un réalisateur faire cavalier seul après avoir convaincu le métier, son univers entier et convaincant doublé d’une réelle volonté de s’affranchir des grands studios de productions, assure à Blomkamp un impact fort dans le monde de la SF indépendante. Reste à espérer que le financement,basé sur un dérivé du crowdfunding, ne mettra pas en péril l’avenir de cet ambitieux projet. L’accès gratuit, pour le moment, et la possibilité d’avoir accès à tout le matériau utilisé devraient être des arguments massue pour tous fans de SF et artistes en herbe. Toujours est-il que nous suivrons les évolutions avec le plus grand intérêt.