Film de guerre aux premiers abords crétin, The Wall est plus que ça, malgré des faiblesses relativement voyantes, le long-métrage de Doug Liman réussit à capter par intermittence par son jeu morbide et ses cadres intéressants pour proposer un affrontement verbal très tendu suivi d’une superbe fin mais ne parvient pas à éviter certaines facilités qui desservent la narration.
The Wall, c’est un petit peu un Phone Game (Joel Schumacher – 2002) avec le désert Irakien en toile de fond. Le film commence par des premières minutes très clichées avec un humour hasardeux et des propos patriotiques hyper standardisés. On cerne déjà l’ambiance du film, celui de mettre les Américains au premier plan, les déifier en héros, comme toujours. Sauf que dès le départ, Liman imprime un rythme suffoquant, il place les soldats en victime et déifie leur agresseur. John Cena fait carpette au milieu du désert pendant les 3/4 du film. Aaron Taylor-Johnson dialogue ensuite avec le sniper Afghan ennemi.
Là encore, les clichés sont soigneusement évités. Au travers de dialogues percutants, Liman parvient à donner une envergure importante au tireur embusqué, sans qu’on puisse le voir. Il désagrège le stéréotype du terroriste pour un modeler un avec de solides raisons de se placer en tant qu’antagoniste, même si parfois on se pose des questions quand à la nature de son jeu morbide avec le soldat. Les échanges sont toutefois, d’une qualité verbale rare, surtout venant du camp de l’ennemi. On sent ce dernier distiller avec finesse au soldat Américain les raisons de sa violente décision de vouloir les tuer. Il le fait de plus tourner en bourrique, le laisse chercher de l’eau et des vivres sans lui tirer dessus. Alors que le cadre s’axe sur Aaron Taylor-Johnson, ce n’est absolument pas lui qui est en position de force, même lorsqu’on tente de nous le faire croire quand on nous sous-entend que le personnage a débusqué la position du tireur etc…
Le film souffre aussi, essentiellement à cause de son pitch, d’insupportables longueurs. Le début bat de l’aile, même après les premiers tirs. L’intervention radio du sniper ennemi se fait trop tardivement, et l’on observe tout le long de la première partie du film Aaron Taylor-Johnson marmonner des « fuck, fuck, fuck, shiiiit, fuck, lieutenant Matthews !! » sans réel impact ou enjeu derrière. Toutefois, l’ancien Quicksilver de chez Marvel s’en sort avec les honneurs, un peu plus que John Cena, rapidement laissé de côté par le scénario. Mais là où The Wall frappe fort, c’est grâce à sa fin. Elle est, en effet, de la même trempe que celle de Life, Origine Inconnue.
Elle prend à contre-pied les standards du genre et réussit à surprendre une nouvelle fois. Nouveau point positif, Liman a parfaitement réussi le travail de son atmosphère, créant un amalgame entre la photo poussiéreuse d’Eastwood et son American Sniper avec une absence totale de musique, qui accentue la tension qui monte crescendo a distance entre les deux soldats. Seul le rythme sonore des échanges entre les deux soldats et les tempêtes de sables dynamisent le cadre.
En résumé, gros coup de coeur pour ce thriller militaire de Doug Liman. En dépit de ses faiblesses évidentes, c’est un film qui surprend par son atmosphère, ses échanges avec « l’ennemi » et le paradoxe osé d’une conception biaisée de la confrontation méchant/gentil. Mention spéciale à une fin impeccable, accentuant l’argument précédent.