L’odyssée de l’agent spécial Dale Cooper, mise en suspens depuis 25 ans est enfin de retour avec un David Lynch en pleine forme.
Du neuf avec des vieux
On retrouve d’emblée tous les éléments qui ont construit le culte autour de cette série mais également son charme intemporel. Plans contemplatifs, bande son envoutante et personnages atypiques, le fan service est assuré plein pot et la carte de la nostalgie est jouée à chaque séquence. Bien que l’histoire s’exporte quelque que peu et émancipe son sujet au-delà des frontières de Twin Peaks, augmentant la zone d’action de la menace du récit, autrefois limitée aux abords de la petite ville. C’est avec plaisir que l’on retrouve une grande partie du cast de l’époque qui, malgré les outrages du temps, n’ont rien perdus de leurs charmes respectifs. Les deux premiers épisodes de ce revival oscillent permanence entre nouvelle angoisse et nostalgie heureuse.
Cauchemar éveille
Le schéma narratif tortueux, alambiqué, et sans aides à la compréhension d’aucunes sortes, pousse le spectateur dans ses retranchements et offre des réponses posant le double de questions. Changement de décors subits, marqueurs temporels inexistants, dialogues de sourds et atmosphère pesante, séduisent autant qu’ils agacent et rappellent sans cesse à quel point l’univers Lynchien est hermétique. A l’image d’un rêve, ou plutôt d’un cauchemar dans le cas présent, rien n’a vraiment de sens. Le plus improbable des récits trouverait aisément sa place dans cet univers, tant la frontière du réel est mince et le surréalisme prompt à surgir à tout instant. Malgré quelques scènes à effets de gore et de nudité, loin d’être des éléments essentiels, on retrouve à nouveau les plans fixes à premières vue anodins, mais qui sous la caméra de Lynch prennent une autre dimension, glauque voire angoissante, sans que l’on puisse dire pourquoi.
Visionnaire ou escroc
Depuis ses débuts, Lynch divise la critique. Encensée par certains et détestée par d’autres, la « méthode Lynch » ne laisse cependant pas indifférent. Pourtant, là où il est facile de dire pourquoi on déteste son style, il est plus complexe d’expliquer précisément pourquoi on adhère. C’est sans nul doute la plus grande force de ce réalisateur, parvenant à séduire par la frustration un public subjugué par la mise en image d’un monde insensé. A l’heure où les séries sont menées tambours battants et le spectateur maintenu dans un équilibre, confortable, de questions/réponses logiques et explicables, Twin Peaks maintient le cap de la vision onirique du réalisateur, quitte à mener à la frustration de son public.
La mise à jour de Twin Peaks déroutera certainement les fans de la première heure, dans un premier temps, par sa violence visuelle plus marquée qu’à l’époque. Mais le ton unique, propre à cette série, séduit toujours et donne une impression de continuité dans le récit intacte. En revanche, les novices, ou ceux qui espéraient une refonte totale du concept de base, seront déçus et perdus face au déferlement de nouvelles données, qui ne semblent malheureusement destinées qu’aux initiés et aux fans inconditionnels de Lynch.
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