Le retour de King Kong, est une recontextualisation d’un personnage classique dans un univers ou il n’est pas le seul monstre aux proportions titanesques.
Loin de nous resservir le récit habituel, le réalisateur Jordan Vogt-Roberts retravaille la légende du primate géant en le rattachant à une sorte de « monstro-verse ». Cet univers cinématique verra se rencontrer et certainement s’affronter le bestiaire de la Toho company.
Véritablement centré sur l’île et sa faune surdimensionnée, le scénario est d’une linéarité sidérante. Utilisant sans vergogne tous les poncifs du film de monstres, ce Kong ne brille certainement pas par sa puissance narrative, mais plutôt en se reposant sur des effets spéciaux de bonnes qualités, sans pour autant être révolutionnaire.
Le cast dans son intégralité est une chair à canon composée d’archétypes de personnages poussés à l’extrême. Samuel L. Jackson, toujours impeccable, incarne un fou de guerre prêt à tout pour une ultime bataille. Il trouve un adversaire de choix avec Kong qui décime une bonne partie de son unité lors du premier contact. Il n’en fallait pas plus pour développer une soif de vengeance. Ici encore la capture de l’animal n’est clairement pas une option, contrairement aux précédents KING KONG qui suivaient tous la même trame. Mixant les éléments classiques de Kong à l’univers installé par la récente version de Godzilla, on retrouve la tribu adorateur de Kong, dépeint cette fois comme étant pacifique et loin des sacrifices rituels au dieu Kong.
Pacifique, voire nihiliste, son importance secondaire ne vaut que pour la présence du personnage de Hank Marlow, incarné par John C. Reilly, qui devient progressivement un personnage central du récit. Un groupe mal assorti, qui se voit divisé de la manière la plus classique qui soit. D’un côté, les anti-Kong, menés par Packard( Jackson), prêt à tout détruire sur son passage sans se soucier des conséquences. De l’autre, les pro-Kong, cherchant à fuir l’île tout en essayant de comprendre et respecter un écosystème qui leur est hostile en tous points.
Bien que le bestiaire soit visuellement réussi et convaincant, il reste relativement pauvre. Toutes les créatures ayant été dévoilées dans les différentes bandes-annonces. De plus l’annonce de fourmis géantes, dont on entendra que le cri durant le film, renforce le sentiment de frustration. Pour ce qui est des affrontements, le divertissement est assuré et l’action maîtrisé, malgré quelques petits défauts que seuls les spectateurs tatillons relèveront. Kong est également une réussite. La créature, sauvage et d’une brutalité expéditive rends la présence humaine anecdotique et place l’action au premier plan.
Le film donne également un fait notable, à prendre en compte pour les prochains chapitres du monstro-verse: Kong est jeune et grandi encore. L’importance de ce détail est due au fait qu’il devra certainement affronter Godzilla, qui dans l’état actuel des choses écraserait Kong d’un coup de patte. En posant Kong au coeur des 70’s, et Godzilla de nos jours, les studios ont gardé plusieurs dizaines d’années de marge pour permettre à Kong de se mesurer au roi des monstres.
Bien que sans surprises et d’un traitement des plus classiques, ce Skull Island assure le show et raccroche son histoire à celle de Godzilla de manière assez grossière et expéditive. Un pop-corn movie bien gras au scénario bien maigre. Divertissant, mais loin d’être indispensable.